Les aventures de Moïse / 5. Moïse lave plus blanc (deuxième partie)

 

N’en déplaise, d’une part, aux “antisémites” (1) de tous bords et, d’autre part, aux Sionistes particulièrement virulents en ce début de 21ème siècle, les Juifs n’ont, historiquement, jamais formé un seul et unique peuple chargé, comme se justifient les premiers, de conduire le reste de l’humanité (ou “goys”) à sa perte ou, comme se lamentent les seconds, d’échapper coûte que coûte au mauvais sort que lesdits “goys”, jaloux de son statut de chouchou de Yahvé, cherchent à lui faire subir.

Aux alentours de l’an 0, hors les douze tribus d’Israël recensées par la Bible, les sectes rivales se conformant de près ou de loin aux préceptes de la Torah se comptaient par dizaines. C’est d’ailleurs ce «de près ou de loin» qui agaçait prodigieusement Yahweh. Au point qu’il finit par nous piquer une de ces grosses colères dont il avait le secret et décida de punir tout le monde, ainsi qu’en témoignent les derniers chapitres du Deutéronome, (vraisemblablement écrits a posteriori).

Deutéronome chap31 :

16. «L’Éternel dit à Moïse: Voici, tu vas être couché avec tes pères. Et ce peuple se lèvera, et se prostituera après les dieux étrangers du pays au milieu duquel il entre. Il m’abandonnera, et il violera mon alliance, que j’ai traitée avec lui.

17. En ce jour-là, ma colère s’enflammera contre lui. Je les abandonnerai, et je leur cacherai ma face. Il sera dévoré, il sera la proie d’une multitude de maux et d’afflictions, et alors il dira: N’est-ce point parce que mon Dieu n’est pas au milieu de moi que ces maux m’ont atteint?»

Le chapitre 28 du même Deutéronome annonçait déjà la couleur :

«Bénédictions et malédictions» :

45. «Toutes ces malédictions viendront sur toi, elles te poursuivront et seront ton partage jusqu’à ce que tu sois détruit, parce que tu n’auras pas obéi à la voix de l’Éternel, ton Dieu, parce que tu n’auras pas observé ses commandements et ses lois qu’il te prescrit.»

Parmi «ces malédictions» fort déplaisantes au demeurant et dont je vous communique ci-après quelques extraits, il en est une qui fait écho à un thème fondateur de l’Âge de l’Argent cher à Moïse. Devinez laquelle !

22 «L’Éternel te frappera de consomption, de fièvre, d’inflammation, de chaleur brûlante, de dessèchement, de jaunisse et de gangrène, qui te poursuivront jusqu’à ce que tu périsses.»

27 «L’Éternel te frappera de l’ulcère d’Égypte, d’hémorroïdes, de gale et de teigne, dont tu ne pourras guérir.

28 L’Éternel te frappera de délire, d’aveuglement, d’égarement d’esprit,»

35 «L’Éternel te frappera aux genoux et aux cuisses d’un ulcère malin dont tu ne pourras guérir, il te frappera depuis la plante du pied jusqu’au sommet de la tête.»

43 «L’étranger qui sera au milieu de toi s’élèvera toujours plus au-dessus de toi, et toi, tu descendras toujours plus bas ;

44 il te prêtera, et tu ne lui prêteras pas ; il sera la tête, et tu seras la queue.»

61 «Et même, l’Éternel fera venir sur toi, jusqu’à ce que tu sois détruit, toutes sortes de maladies et de plaies qui ne sont point mentionnées dans le livre de cette loi.»

La malédiction 44, dites-vous? Gagné !

Mais revenons à nos lessives, pardon : à nos superstitions ! Nous en étions à lancer un nouveau produit anti-trouille-du-cimetière, spécial «étrangers”, sans pour autant nuire aux …intérêts de la maison-mère.

Parmi les innombrables communautés juives de l’époque, les Esséniens pointaient du doigt la survenue de plus en plus fréquente de pas mal d’entorses à la loi divine, aptes à justifier le méga tirage d’oreilles mentionné plus haut.

Célibataires, quasi-végétariens, les Esséniens pratiquaient, quant à eux, un mode de vie très austère qui leur semblait correspondre à l’esprit de la Torah des origines. Les spécialistes de la question rapportent également qu’ils pratiquaient la bénédiction du pain et du vin (Règle de la communauté, 6.5) et qu’ils se baptisaient. Pourtant, les forts en Bible et autres théologiens distingués hésitent à affirmer que les Esséniens constituent le chaînon manquant entre l’Ancien et le Nouveau Testament.  Peu importe. Un fait semble certain : Esséniens ou pas, les premiers Chrétiens étaient des Juifs, à commencer par Jésus, dont le St Prépuce, si on le retrouve un jour, devrait faire un tabac sur le marché des  reliques.

A l’instar des Esséniens, les premiers Chrétiens regrettaient amèrement que leur religion soit tombée aux mains de mauvais croyants qui, entre autres errances, n’en retenaient que les divines recettes pour augmenter chaque jour un peu plus l’étendue de leurs richesses. Le nouveau label abrahamique se devait donc de commencer par imposer une règle (d’or?) à ses adeptes. Celle de ne point se livrer aux tripatouillages financiers qui, mieux que les divisions sanglantes entre les différentes communautés hébraïques, étaient bien parties pour livrer Jérusalem aux Romains et, selon la parole de l’ Éternel, faire descendre Israël «toujours plus bas», jusqu’à le disperser aux quatre coins de la planète.

Dès lors, le Christianisme retournerait aux « fondamentaux », comme on dit en football. Il n’aurait cure des biens de ce monde ! Le Christianisme serait incorruptible ! On notera que, contre les 354 entrées au mot «argent» répertoriées dans le Pentateuque, les quatre Evangiles réunis n’en totalisent que 16 dont aucune pour l’Évangile de Jean.

Evangiles

Matthieu 19.21 : «Jésus lui dit : Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi.»

Luc 6.20 : « Alors Jésus, levant les yeux sur ses disciples, dit : Heureux vous qui êtes pauvres, car le royaume de Dieu est à vous !

Mais j’en vois déjà au fond de la classe qui ricanent. Ils disent que tout ça c’était une combine pour consoler les pauvres d’être pauvres pendant que les riches continueraient leur petit business bien peinards. Que si les Chrétiens étaient aussi certains que ça que l’argent c’est rien qu’un boulet qui nous empêche de grimper au Paradis, alors pourquoi ils collaient leur manuel de l’utilisateur ou “Nouveau Testament” au cul de l'”Ancien” celui qui contenait des propos tels que :

Proverbes

22.7 «Le riche domine sur les pauvres, Et celui qui emprunte est l’esclave de celui qui prête.»

Zacharie

14.14 « Juda combattra aussi dans Jérusalem, Et l’on amassera les richesses de toutes les nations d’alentour, L’or, l’argent, et des vêtements en très grand nombre.»

Ou pire :

Aggée

2.8 «L’argent est à moi, et l’or est à moi, dit l’Éternel des armées

C’est sûr qu’il y a quelque chose de pas clair dans ce passage de témoin entre Juifs et Chrétiens. Un peu comme si on nous vendait une compile de recettes végétariennes avec, en préface, une tonne de conseils pour réussir un bon foie gras.

D’un autre côté, les premiers Chrétiens étant juifs, ils ne pouvaient quand même pas se mettre mal avec la famille ni faire chambre à part sur un coup de tête…

Jésus lui-même, de la lignée du roi David – excusez du peu-  se devait de faire un effort pour calmer le jeu, d’où la «parabole des talents» (Matthieu chap.25). Je vous la fais courte : il s’agit d’ «un homme partant pour un voyage» et qui confie son bas de laine durement amassé à trois de ses serviteurs. A l’époque l’euro n’existant pas encore, on s’arnaquait en «talents». Quand le voyageur s’en revint chez lui et demanda à voir le livre de comptes, le serviteur qui avait reçu 5 talents les avait joués en bourse et put en rendre 10 à son maître. Celui qui en avait reçu 2 les avait également fait fructifier et son maître en récupéra 4. Le maître était super content de ses deux larbins – excellents golden boys au demeurant – et les récompensa largement. Contrairement au 3ème à qui le maître, qui devait se douter de quelque chose, n’avait laissé qu’un seul talent et qui, pas trop sûr de lui, s’était contenté de l’enterrer dans le jardin (sic) pour ne pas le perdre et qui, conséquemment ne lui avait pas fait faire de petits, comme tout monothéiste libéral qui se respecte aurait dû. D’où le mécontentement affiché du boss:

26. «Son maître lui répondit : Serviteur méchant et paresseux, tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé, et que j’amasse où je n’ai pas vanné  ;

27. Il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j’aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt.

28. Ôtez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les dix talents.

29. Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a .

30. Et le serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents.»

Sacré Jésus ! C’était bien le Fils de son Père, question mauvais caractère ! Mais, bon, ce n’est rien là qu’une parabole parmi tant d’autres.

Le fait qu’un établissement bancaire portugais récemment renfloué par le gouvernement de ce bastion du catholicisme pur et dur ait choisi de s’appeler “Banco Espirito Santo“, ne prouve rien non plus.

 

(1) de Sem, fils de Noé, ancêtre des Juifs et des Musulmans

(à suivre : Moïse lave plus blanc (3ème partie))