Archives mensuelles : septembre 2011

Les aventures de Moïse / 3. Moïse et la Conquête de l’Ouest

 

Je sais, il peut sembler moins rasoir à l’homme préhistorique post moderne d’écluser des bières en comptant les points d’un milliardième débat télévisé entre politiciens soi-disant concernés par le bonheur de leurs semblables mais surtout préoccupés de promouvoir leur image personnelle, plutôt que se risquer à la fréquentation des parchemins poussiéreux sur lesquels, sans qu’il en ait pleinement conscience, repose son quotidien d’homo sapiens-sapiens en déroute. C’est pourtant ce que j’ai décidé de faire.

Comprenons nous, amis Juchrémans : il est hors de question de prendre part ici à une énième guerre de superstitions, ni même de disserter sur le bien-fondé du recours à une quelconque puissance invisible omnipotente et omnisciente afin d’expliquer le pourquoi du comment de l’existence humaine. Il se trouve simplement que les braves gens qui estiment nécessaire de se livrer à ce genre de spéculations en profitent à chaque fois pour promulguer, au nom du démiurge dont ils se réclament, des codes de conduite et autres règlements du camping à respecter coûte que coûte sous peine de se voir infliger les pires châtiments dans ce monde et dans l’autre.
Je me suis, dès lors, fixé la tâche fastidieuse autant qu’ingrate de répertorier, à travers la Torah, la Bible et le Coran, les articles des règlements en question. Savoir, les plus en lien avec nos misères, petites et grandes, laissant au lecteur ou à la lectrice le soin d’y déceler ou non des rapports de cause à effet.

Dans les deux premiers chapitres de ces “Aventures de Moïse”, citations à l’appui, j’ai exposé le caractère fondateur de la notion de «domination » dans la culture que, faute de mieux, j’ai choisi d’appeler “juchrémane”, le terme “judéo  chrétien” faisant étrangement fi de l’apport musulman à la saga mosaïque. Le 1er chap traitait de la domination par le prêt,  le 2nd de la domination par le sexe.

Voyons aujourd’hui,  si vous le voulez bien, ce que le dieu de Moïse nous propose sur un plan de domination par annexion territoriale.

Deutéronome, chap 6
10 « L’Éternel, ton Dieu, te fera entrer dans le pays qu’il a juré à tes pères, à Abraham, à Isaac et à Jacob, de te donner(1). Tu posséderas de grandes et bonnes villes que tu n’as point bâties,
11 des maisons qui sont pleines de toutes sortes de biens et que tu n’as point remplies, des citernes creusées que tu n’as point creusées, des vignes et des oliviers que tu n’as point plantés

Quel n’a pas été mon étonnement d’ignare en histoire-géo lorsque, surmontant mon envie de hurler devant des prophéties relevant de pareilles injustices, divines ou pas, j’ai entrepris d’en savoir plus sur la malheureuse contrée de Canaan. Car c’était sur elle, à en croire le Deutéronome – encore et toujours ce 5ème livre du Pentateuque, commun à la Torah et à la Bible – que Moïse avait reçu l’injonction divine de tomber à bras raccourcis.
D’après Wikipédia (pourquoi pas Wikipédia, bande de snobs ?) : « Le nom de Canaan est ancien et semble être apparu au IIIe millénaire av. J. C.. On (en) a retrouvé des mentions sur des tablettes trouvées dans les ruines de Mari où (Canaan) apparaît en tant qu’entité politique distincte. Il s’agissait sans doute d’une terre d’une certaine diversité ethnique mais (…) il semble que les Cananéens, voisins et proches parents des Amorites, correspondent exactement aux Phéniciens. »

canaan

Oups !!! Mais n’est-ce pas là la petite station balnéaire tranquille où tout le monde rêve de passer ses congés payés, sous la protection bon enfant des maîtres nageurs israéliens ? Mais oui ! C’est bien la Palestine !!!
Bon alors on garde son calme ! On ne saute pas sans réfléchir sur une occasion en apparence rêvée d’accuser les grands méchants Juifs d’être revenus sur les lieux de leurs exactions bimillénaires et de se servir des révélations de Moïse pour justifier leur sale besogne de colonisation cancéreuse sur un territoire appartenant aux descendants, par Muhammad interposé, de leurs gentils demi frères ennemis ismaélites.

Deux raisons au moins nous obligent à tempérer notre précipitation à désigner un responsable des 8900 morts(2) du conflit israélo-palestinien en 20 ans :
1/ Si les Phéniciens y avaient les premiers planté leur drapeau, ni les Juifs ni les Musulmans ne peuvent se targuer d’un quelconque droit historique à occuper cette bandelette de littoral méditerranéen aujourd’hui transformée en désert, moins à cause du réchauffement climatique que du simple fait des innombrables invasions et contre-invasions de sanglants chefs de guerre de tous poils et de toutes couleurs qu’elle a eu à endurer au cours des trois millénaires passés. On supposera d’ailleurs que les Phéniciens eux-mêmes n’avaient certainement pas dû se gêner pour faire un brin de nettoyage ethnique avant d’installer leurs serviettes de bain sur le sable chaud de ce petit coin de paradis.
2/ On stigmatise, souvent à juste titre, l’obsession maladive des Juifs à se vouloir le «peuple élu» exhorté par Moïse à accomplir les desseins divins mais à la lecture de la sourate 7 du Coran on ne peut que rester perplexe quant à l’identité du bienheureux récipiendaire de l’”Arche d’Alliance“.
Coran, Al-Araf :
144. «Et (Dieu) dit : “Ô Moïse, Je t’ai préféré à tous les hommes, par Mes messages et Ma parole. Prends donc ce que Je te donne, et sois du nombre des reconnaissants“. »
159. «Parmi le peuple de Moïse, il est une communauté qui guide (les autres) avec la vérité, et qui, par là, exerce la justice.»

Bonne chance aux observateurs de l’ONU ! Conquête de l’Ouest pour conquête de l’Ouest, avouez qu’il est quand même plus simple de savoir qui , plus près de nous, au pays des merveilles de l’Oncle Sam, des cow-boys ou des Indiens, a envahi qui. Sauf que pour cette invasion-là, toute récente soit-elle en comparaison de celle qui nous occupe, quelque chose me dit qu’il y a encore plus prescription que pour les Phéniciens….Pareil pour le partage des mines d’or et de diamants africaines entre chrétiens et musulmans…Et pour la razzia catholique romaine sur les richesses de l’Amérique du sud.

En fait, à l’heure où nous publions ces lignes – mais on me fait signe que la situation pourrait rapidement évoluer – seuls les Martiens sont à l’abri des rabbins, curés, imams et des multinationales qui rament dans leur sillage. Tant pis pour eux, ils n’iront pas au paradis! On ne va pas perdre notre temps et notre argent à former des colons belliqueux et racistes juste pour investir la grosse boule de cailloux irrespirable des petits hommes verts. Dominer certes, mais à condition de s’y retrouver financièrement !

Et, parce que je suis de bonne humeur, en supplément gratuit à ce chapitre plein de joie  de vivre et de confiance en l’avenir, picorés ça et là au hasard des Livres sacrés, voici quelques conseils divinement contradictoires aux apprentis conquérants, conseils qui raviront sans aucun doute les populations civiles concernées :

Exode (2ème livre du Pentateuque)
20:13 «Tu ne tueras point.»
20:17 «Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain.»
MAIS :
Deutéronome, chap 20
10 Quand tu t’approcheras d’une ville pour l’attaquer, tu lui offriras la paix.
11 Si elle accepte la paix et t’ouvre ses portes, tout le peuple qui s’y trouvera te sera tributaire et asservi.
12 Si elle n’accepte pas la paix avec toi et qu’elle veuille te faire la guerre, alors tu l’assiégeras.
13 Et après que l’Éternel, ton Dieu, l’aura livrée entre tes mains, tu en feras passer tous les mâles au fil de l’épée.
14 Mais tu prendras pour toi les femmes, les enfants, le bétail, tout ce qui sera dans la ville, tout son butin, et tu mangeras les dépouilles de tes ennemis que l’Éternel, ton Dieu, t’aura livrés.” 

Le prophète Muhammad non plus n’est pas à l’abri des incohérences qui font la joie des purs croyants car elles attestent de la profondeur de leur foi :

Coran
Sourate 2 : La vache (Al-Baqarah)
136. Dites : “Nous croyons en Dieu et en ce qu’on nous a révélé, et en ce qu’on a fait descendre vers Abraham et Ismaël et Isaac et Jacob et les Tribus, et en ce qui a été donné à Moïse et à Jésus, et en ce qui a été donné aux prophètes, venant de leur Seigneur : nous ne faisons aucune distinction entre eux. Et à Lui nous sommes Soumis“.
MAIS:
Sourate 9 : Le repentir (At-Tawbah)
30. Les Juifs disent : “Uzayr est fils de Dieu” et les Chrétiens disent : “Le Christ est fils de Dieu”. Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent le dire des mécréants avant eux. Que Dieu les anéantisse ! Comment s’écartent-ils (de la vérité) ?”

Bonnes vacances à Canaan (et à l’ouest en général) !

 

(1)Genèse, 17, 8 – ” Et je donnerai à toi et à ta postérité la terre de tes pérégrinations, toute la terre de Canaan, comme possession indéfinie; et je serai pour eux un Dieu tutélaire.

(2) Ce chiffre, hélas pulvérisé depuis, tout comme celui du ratio entre les pertes des deux parties en présence, date de 2009. La grande majorité – 7 398 – sont Palestiniens, dont 1 537 mineurs. Israël, de son côté, déplore 1 483 morts, dont 139 mineurs.

 

lire le chapitre suivant : Moïse lave plus blanc (1ère partie)

Les aventures de Moïse / 2. Moïse et la condition féminine (also starring Mahomet)

 

Tout commence le jour où, ayant créé le monde en général et l’homme en particulier, Yahweh qui avait une curieuse tendance à parler tout seul déclara :
Genèse , chap 2, v 18 :
« Il n’est pas bon que l’homme soit isolé ; je lui ferai une compagne digne de lui. »

“Digne”, faut quand même pas rêver ! La suite a largement prouvé que Yahweh plaçait la barre un peu haut. Créé à l’image de son créateur l’homme était par définition sans défauts. Entre autres il était obéissant. On lui avait dit de ne pas toucher à l’arbre de la connaissance du bien et du mal, il n’y touchait point. Alors que, comme il fallait s’y attendre :
Genèse, 3.6 :
« La femme jugea que l’arbre était bon comme nourriture, qu’il était attrayant à la vue et bon pour l’intelligence, elle cueillit de son fruit et en mangea, puis en donna à son époux, et il mangea. »
Et ça c’était pas bien. Mais alors pas bien du tout. A tel point que Yahweh en fut tout colère  et décida de prendre des mesures de rétorsion contre la vilaine qui avait enfreint sa mise en garde  :
Genèse, 3.16 :
« A la femme il dit : « J’aggraverai tes labeurs et ta grossesse, tu enfanteras avec douleur ; la passion t’attirera vers ton époux et lui te dominera. »

En d’autres termes, la désobéissante était condamnée à en baver des ronds de kippa pour mettre ses enfants au monde mais en même temps la « passion » qu’elle éprouverait dorénavant pour son homme serait telle qu’elle ne pourrait s’empêcher de lui offrir son corps, comme dans la chanson du petit lapin – par devant, par derrière, par-dessus, par dessous – à la moindre occasion.
Dès lors on comprend mieux le peu de cas qu’une cour de justice responsable se doit de faire d’une plainte pour viol (à moins qu’elle soit déposée par un homme) sachant que, depuis la Genèse, 3.16, les violeurs ne font jamais autre chose que céder aux sollicitations pressantes de leurs soi-disant victimes “attirées vers eux par la passion”.

Sans compter que pour se montrer à la hauteur des injonctions divines, l’homme a le devoir de dominer la femme.
De nombreux exemples de cette domination nous sont aimablement rapportés par le porte-parole du gouvernement divin. J’ai un faible pour ceux qui suivent :
Deutéronome , chap 21 :
10 Quand tu iras en guerre contre tes ennemis, que l’Éternel, ton Dieu, les livrera en ton pouvoir, et que tu leur feras des prisonniers;
11 si tu remarques, dans cette prise, une femme de belle figure, qu’elle te plaise, et que tu la veuilles prendre pour épouse,
12 tu l’emmèneras d’abord dans ta maison; elle se rasera la tête et se coupera les ongles,
13 se dépouillera de son vêtement de captive, demeurera dans ta maison et pleurera son père et sa mère, un mois entier. Alors seulement, tu pourras t’approcher d’elle et avoir commerce avec elle, et elle deviendra ainsi ton épouse.
14 S’il arrive que tu n’aies plus de goût pour elle, tu la laisseras partir libre de sa personne, mais tu ne pourras pas la vendre à prix d’argent: tu ne la traiteras plus comme esclave, après lui avoir fait violence »
A l’intention des esthètes, nous avons également ce modèle en stock :
Deutéronome , chap 25 :
« 11 Si des individus ont une rixe ensemble, un homme avec un autre, et que la femme de l’un, intervenant pour soustraire son mari à celui qui le frappe, porte la main sur ce dernier et le saisisse par les parties honteuses,
12 tu lui couperas le poing sans lui accorder aucune pitié. »

Mais revenons à l’actualité de nos gazettes post modernes. Une conséquence, et non des moindres, de la volonté divine de voir l’homme dominer la femme, touche aux possibilités offertes à une femme se prétendant – contre toute vraisemblance biblique – victime d’un viol, d’obtenir réparation devant un tribunal.

Ni la Torah ni la Bible ne se montrant très précises (1) sur une question qui, encore une fois, ne semble pas devoir se poser, je me propose d’avoir recours au 3ème livre sacré de la trilogie monothéiste se réclamant de Moïse et, plus généralement, de la culture abrahamique. À en croire Muhammad :

Coran, Sourate 4 : Les femmes (An-Nisa’)
34. « Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs que Dieu accorde à ceux-là sur celles-ci (…..) Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d’elles dans leurs lits et frappez-les. Si elles arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de voie contre elles, car Dieu est certes, Haut et Grand ! »
L'”autorité” des hommes s’applique en toute logique aux droits de succession – la spécialité des ulémas.  Un homme vaut deux femmes, c’est comme ça :
Sourate 4, v 11 :
« Voici ce que Dieu vous enjoint au sujet de vos enfants : au fils, une part équivalente à celle de deux filles »(2) .

Par voie de conséquence , le témoignage d’une seule femme ne suffit pas à remettre en cause celui d’un homme:
Sourate 2 : La vache (Al-Baqarah) :
282 : « …Faites-en témoigner par deux témoins d’entre vos hommes; et à défaut de deux hommes, un homme et deux femmes d’entre ceux que vous agréez comme témoins, en sorte que si l’une d’elles s’égare, l’autre puisse lui rappeler. »

On notera que, sur ce point comme sur tant d’autres, le Coran est en plein accord avec la Torah/Bible :
Deutéronome , 19
15 « Un seul témoin ne suffira pas contre un homme pour constater un crime ou un péché, quel qu’il soit ; un fait ne pourra s’établir que sur la déposition de deux ou de trois témoins.»
Deux hommes ou un homme + deux femmes ? Ni Moïse ni Muhammad ne mentionnent le cas où il ne se trouverait que des femmes à témoigner. En faudrait-il au minimum quatre ?

En corollaire à ce trop rapide survol de la condition féminine en terre juchrémane, je me propose de donner un conseil utile aux 205 malheureux auteurs quotidiens de supposés viols commis sur le territoire français. En vrai, d’honnêtes citoyens agressés en permanence par de redoutables hystériques folles de leurs corps :
Gardez vous de répondre aux avances de deux femmes à la fois car leurs (faux) témoignages conjoints risqueraient fort de faire douter un jury préhistorique post moderne.
…Et sachez bien que, à partir de trois (ou quatre) pseudo-victimes simultanées, là vous êtes bon pour une lourde peine d’au moins plusieurs mois de travaux d’intérêt général avec sursis dans les mines du roi Salomon.

 

(1) Voir Deutéronome chap 22, v 13 à 29 pour plus de détails concernant les différents styles de coucheries abrahamiques licites et illicites et leurs conséquences légales.

(2) Il est plus que tentant d’extrapoler sur une éventuelle application de ce principe divin aux fiches de paye du personnel de nos entreprises post modernes ! Mais, grâce à Dieu, le Coran, pas plus que la Torah ou les Évangiles ont, au grand jamais, pu envisager une femme dans un autre rôle que celui de mère, d’épouse ou de prise de guerre ou des trois à la fois.

 

lire le chapitre suivant :  Moïse et la conquête de l’Ouest

 

 

 

Les aventures de Moïse / 1. Moïse et la dette souveraine (le bonheur est dans le prêt)

 

« Les mots, les mots, on a beau les connaître depuis son enfance, on ne sait pas ce que c’est.»
Henri Barbusse

A la décharge du dieu de Moïse qui, après tout et contrairement au principe de culpabilité(1), ne l’a pas inventé mais s’est contenté de l’emprunter à la chaîne alimentaire et d’en tirer une loi à laquelle tout croyant se doit de se soumettre corps et âme, le principe de domination de l’homo erectus par plus fort que lui remonte à la toute petite enfance de l’espèce. Une  époque à laquelle, selon nos éminents paléontologues, au fond des cavernes sombres et glacées, la plus grosse massue réglait, en quelques moulinets dissuasifs, les questions de partage à même de se poser entre survivants d’une chasse à l’urus ou au mammouth.

En mémoire de ces temps glorieux, le Moïse de la Torah le clame haut et fort : Yahweh, son dieu unique et préféré, règne  en toute animalité triomphante sur ses créatures qui règnent les unes sur les autres.

Jusque là pas d’innovation par rapport aux Mésopotamiens, aux Égyptiens, aux Incas ou aux Hindous – pour ne citer qu’eux – me direz-vous.  À quoi je répondrai : sur le fond, certes non mais quant à la forme, excusez du peu ! Remplacer le bon vieux silex amoureusement taillé qui faisait de si jolis trous dans la tête de l’incroyant d’en face par un triple étranglement au porte-monnaie, il fallait y penser ! Écoutons Moïse nous en dire plus sur le fonctionnement aussi simple qu’imparable d’une invention divine qui allait révolutionner l’art d’accéder au pouvoir et s’y maintenir :

Deutéronome 15.6 :
« L’Éternel, ton Dieu, te bénira comme il te l’a dit, tu prêteras à beaucoup de nations, et tu n’emprunteras point ; tu domineras sur beaucoup de nations, et elles ne domineront point sur toi. »

Si l’on fait abstraction de la seconde partie du verset on se dit que le prophète hébreu transmet là à son peuple une belle leçon d’altruisme doublé d’un rare sens de l’abnégation. Toujours prêter aux autres sans jamais emprunter soi-même, comme cela est exemplaire !
Cependant le « tu domineras sur beaucoup de nations … » qui suit immédiatement nous ramène à des considérations plus terre-à-terre et, surtout, délivre au lecteur une démonstration éclatante des talents de Yahweh en matière de domination : prêter = dominer.
Alléluia ! Mais par quel miracle, ô Grand Rabbi ?
Le miracle de l’intérêt, fiston !  Car tu devras exiger qu’on te rende toujours plus que ce que tu auras prêté. Ainsi amasseras-tu de quoi prêter toujours plus et amasser d’autant… et t’enrichiras-tu au détriment de tes débiteurs qui devront t’emprunter de quoi te rembourser.

Bon mais, attention, le mécanisme sacré ne s’applique qu’aux « étrangers », sinon à quoi serviraient les arbres généalogiques?

Deutéronome toujours :
23.19 : « Tu n’exigeras de ton frère aucun intérêt ni pour argent, ni pour vivres, ni pour rien de ce qui se prête à intérêt. »
23.20. « Tu pourras tirer un intérêt de l’étranger, mais tu n’en tireras point de ton frère, afin que l’Éternel, ton Dieu, te bénisse dans tout ce que tu entreprendras au pays dont tu vas entrer en possession. »
Je me souviens du temps où, en classe, mon voisin de table me prêtait une feuille de papier. Il ne me vint jamais à l’esprit de ne pas lui rendre. N’était-ce pas, en partie, parce que dans son esprit à lui, il ne fut jamais question que je lui en rende une plus grande, voire deux ?
Certes j’étais son frère, son frère humain, mortel comme lui, par delà toute notion de famille, de tribu, encore moins de race, d’ADN transmis par nos mères, mais hélas je ne pense pas que ce soit à cette acception du terme que Moïse se réfère.
Grâce soit donc…rendue (heu)… au dieu de Moïse de nous avoir, non seulement transmis l’alpha et l’oméga du pouvoir absolu mais également appris à nous montrer sélectif dans notre sens de l’entraide et du partage des biens de ce monde. Afin de mieux perpétuer aux siècles des siècles une saine autant que complète domination des uns (nous si possible) sur les autres (eux, tant qu’à faire).

Plus sérieusement, nous verrons plus loin(2) que, « souveraine » ou pas, justifiée ou pas, n’eût été l’enseignement divin portant sur la notion d’ « intérêt » et, miracle sur miracle, d’intérêts couvrant les intérêts des intérêts (vous avez déjà essayé d’acheter une maison ?), la “dette  publique » qu’on nous colle sur le dos aurait été remboursée depuis longtemps, avec le sourire et tous nos remerciements à nos bienfaiteurs, quels qu’ils soient.

(1) Moïse plaide coupable

(2) entre autres Moïse pète sa crise

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