Le dealer de cadavres et le croque-mort*

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– Bonjour, monsieur le détaillant en chair et organes d’animaux abattus depuis au moins 12 jours («période pendant laquelle la viande reste sur carcasse. Ce processus est le rassissement proprement dit »**).

– Bonjour, monsieur le croque-mort, qu’est-ce qui vous ferait plaisir comme charogne aujourd’hui ?

– Eh bien, si vous me garantissez que « le sucre contenu dans le muscle, le glycogène », a  été consommé en totalité par « les cellules qui continuent à vivre comme une crampe après un gros effort », je craquerai avec joie pour une tranche de cadavre de bovin en état de décomposition nécessaire et suffisante.

– Fibre longue ou courte ? Sachant que « la graisse intramusculaire –le persillé de la viande- qui va fondre à la cuisson, va magnifier ces saveurs qui seront plus rapidement perçues par vos papilles », monsieur le croque-mort.

– Slurp, vous me faites saliver. Merci pour tout, monsieur le détaillant en « pourriture contrôlée ». Et à la prochaine !

« Derrière les rochers une chienne inquiète

Nous regardait d’un œil fâché,

Épiant le moment de reprendre au squelette

Le morceau qu’elle avait lâché. »***

 

 

* Rembrandt « Le bœuf écorché »

** Les passages en italiques sont d’authentiques extraits de pubs de bouchers, picorés sur Google

*** Charles Baudelaire, « Une charogne »

Ramadan de sagesse (place aux jeûnes!)

Dans la foulée du jeûne des Pâques  juive et chrétienne, le 3ème petit cochon juchréman se met à son tour temporairement au régime.

C’est que le salut éternel à la droite du dieu des commerçants  («Le marchand sincère et de confiance sera, au jour du Jugement,  parmi les prophètes, les justes et les martyrs»*), ça se mérite !

Pareil  qu’un bon kashrout à la table du dieu du prêt aux étrangers (« L’Éternel, ton Dieu, te bénira comme il te l’a dit, tu prêteras à beaucoup de nations, et tu n’emprunteras point ; tu domineras sur beaucoup de nations, et elles ne domineront point sur toi. »)**

Ou une hostie arrosée au vin de messe à la buvette du dieu des banquiers («  Il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j’aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt. ***)

Tiens et si vous profitiez du « confinement » (Larousse :  « Situation d’une population animale trop nombreuse dans un espace trop restreint et qui, de ce fait, manque d’oxygène, de nourriture ou d’espace »)   pour relire ici même « Les Aventures de Moïse » ?

 

* Sunna

** Torah/ Deutéronome

*** Évangile de Matthieu

Radio salope

 

Un coucou en passant aux mangeurs de cadavres. Ce matin au réveil sur une radio périphérique, une grognasse disait que c’était chouette de faire plaisir aux enfants. Jusque là rien à redire. C’est sur la façon d’y parvenir que ça se gâte. Selon cette sous-merde incurable, vos chiards, pour leur donner le sourire, FAITES-LEUR DONC BOUFFER DU VEAU! Escalope à la crème ou rôti, comme la voulvoul mais par pitié aidez nos éleveurs confinés. Bon ben toi, t’es juste une salope qui, je le répète, peut crever quand elle veut de la grippe aviaire, de la vache folle ou du conardo. C’est tout, merci, je te rends l’antenne avec un peu de vomi dessus.

Shoah pascale

 

Je sais c’est pas gentil mais j’espère que tous les bipèdes à poil ras qui auront, de près ou de loin, trempé dans la shoah des 600 000 agneaux de Pâques de cette année, crèveront la gueule ouverte. Du conardo ou de n’importe quoi de douloureux de préférence. Les braves croyant(e)s qui auront planté leurs fourchettes dans la chair tendre de mes frères et sœurs, les vrai(e)s, pareil.

Solidarité avec les chauves-souris et les pangolins.

 

 

Heffi Grecker, l’interview

– Heffi, on raconte que, dans une autre vie, un proxénéditeur musical vous avait diagnostiqué « loser » ?

– C’est en partie inexact. Dans sa missive incendiaire, piètre anglophone,  le malheureux avait écrit «LOOSER». Ce qui aurait alors signifié « celui qui détache, qui libère ». Il n’avait donc pas tout à fait tort. J’aime me voir en libérateur. Un genre de « roi des neiges ».

– « L’arrière-cour des miracles » est votre 3ème polar. Comme à l’occasion des 2 précédents, la critique est muette d’admiration.

– D’admiration, vous êtes sûre ?

– Comment pourrait-il en être autrement ? Ces 200 et quelques pages sont ce que le polar français a enfanté de meilleur depuis le siècle dernier.

– C’est gentil. Vous habitez chez vos parents ?

– Manquerait plus que ça. Maman est alcoolique et papa ne pense qu’à mettre sa main dans ma culotte. Ce parti pris de ne publier qu’au format numérique, pouvez-vous m’en dire plus ?

– « Il peut le dire ». Pierre Dac.

– ?

– Veuillez m’excuser, je soliloquais. C’est l’âge.

– Quel âge avez-vous ?

– L’âge de vous répondre sans risque de me tromper que le ebook – à condition d’avoir un vrai métier à côté- c’est la survie de l’écrivain. Un gage d’indépendance artistique. La certitude d’être publié. Quant à être lu… Le public, ses goûts, ses couleurs,  il y a longtemps qu’ils ont cessé de nuire à mon sommeil. Mon ami Hervé Prudon – vous devriez lire « Mardi gris » ou « Tarzan malade » aimait à dire qu’il écrivait pour la postérité. Au jour d’aujourd’hui, comme on dit quand on est con, je n’ai toujours pas la moindre idée de pour qui ou pourquoi j’écris. Par contre, je me souviens très bien avoir chanté pour les murs. Ce qui nous ramène au début de la conversation.

– Merci. Je vous laisse régler les consos.