Archives mensuelles : janvier 2019

Nos journalistes, ces incompris ! (et pour cause)

Loin de moi l’idée que quelque problème que ce soit puisse trouver le moindre commencement de début de solution dans la violence. En particulier la violence sur un être sensible.

Ce qui, en passant, justifie toutes les violences destructrices du monde lorsque dirigées contre les lieux de violences sur les animaux (abattoirs, labos, zoos, etc…).

Mais revenons à la violence sur être sensible. Ou assimilé. Sur journaliste, pour être précis.

Je suis foncièrement, totalement et absolument contre.

Cela posé, rien n’empêche un esprit scientifique comme le mien de tenter de comprendre, SANS EXCUSER, le pourquoi du comment on en arrive à de telles extrémités.

Surtout que c’est vachement facile . Si une écrasante majorité de la population manifestant pour une cause ou une autre ne me semble pas capable de faire volontairement bobo à son prochain, il apparaît tout aussi indéniable qu’une écrasante majorité de la population journaleuse a, elle, gagné sa carte de presse au loto.

Il est un fait que cette profession abrite la plus grande concentration de lèche-culs du pouvoir au mètre carré. Doublés de fameux crétins qui ne doivent pas souvent se relire. Comment peut-on sérieusement colporter des âneries comme « Jon-Jècques Goldman est la personnalité préférée des Froncés (prononciation téléradiophonique moderne1) ou le « salaire moyen des mêmes Froncés est de 3000 euros » ou « la retraite moyenne de 2000 ! »2 Sans parler, le cas échéant, du nombre de manifestants directement pompé chez radio-keufs. Ou, dans la foulée, évoquer les « sondages BFMTV-Paris Match » qui te refilent, au choix, 5% de progression à Son Emperozité et à ses laquais barbichonnés ou 2% de progression de « poire d’achat » (prononciation made in JJ Bourdin) sur un claquement de doigts !

Bref les journaleux se torchent avec la vérité mais, après tout, la vérité est-elle de ce monde ?

Je ne prétendrai pas pouvoir répondre à cette question. Tout ce que je sais, c’est que j’aime écrire. J’aime parler. Avec des mots. J’aime et respecte les mots et les phrases qu’on fabrique avec. J’essaie de ne pas faire honte aux enseignants qui me les ont transmis. C’est pourquoi j’en veux terriblement aux journaleux, dont le métier est de les emprunter, nos mots chéris, du matin au soir, au vocabulaire que nous avons en partage en se fichant complètement de l’état dans lequel ils nous les restituent.

Quelques exemples :

Ce matin même (21/01/19, 7h55), sur France-Inter, j’ai entendu Léa Salamé demander à son interlocuteur : « – Vous lui réponDERIEZ quoi ? ». Si cette inconditionnelle du charabia pouvait au moins cesser d’enrober de « à vous » pédants autant qu’inutiles ses souhaits de « belle journée » ( à la radio/télé le « beau » a remplacé le « bon », c’est comme ça3), ce serait tellement beau pour mes noreilles.

Sur France-Inter toujours, même heure, une certaine F. Paracuellos a décrété que « samedi » se prononcerait dorénavant « Saint M’di ». Plein de bavards sur plein d’autres radios/télés lui ont direct emboîté le pas. Trop cool “St M’di” ! Priez pour nous, pauvres auditeurs.

Ne parlons pas de ce malheureux « aujourd’hui » (souvent précédé –allez savoir pourquoi – d’un pathétique « au jour d’ ») dont la prononciation fluctue entre « aujeurd’hui », « aujôrd’hui », « oujard’hui », etc…. Le massacreur en chef, l’inénarrable Marc Fauvelle, au rhume (?) persistant, sévit, quant à lui, comme pas mal d’autres lèche-bottes dyslexiques, le matin entre 7 et 9 sur France info.

On ne compte évidemment plus les « ceci dit » chers à Mimi Où-est-le-bec ? ( ex p270 de son dernier torchon).

Et ce bon vieux « discours indirect » avec lequel nos instits se cassaient le cul à nous faire jongler ? Il semble avoir presque complètement disparu des ondes. Dorénavant, même sur France Culture, on nous « essplique » « qu’est-ce qu’il se passe » et surtout pas « ce qui se passe », trop vieillot, je suppose, ha ha !

Bref, entre les « beaucoufff », les « arrivéyyyes », les « hnn » pour se lancer, les « hein? » afin de mêler sympathiquement l’auditeur à la conversation et les « barres symboliques » des 10, 20, 30% (putain mais où ils voient un symbole, ces écervelés ?), O. Truchot en personne (mais alors personne, aucun doute là-dessus ! ha ha), de BFMTV,  trouverait que « comme même », c’est bien « dommageable » (comprendre : « quand même, c’est bien dommage »)de faire subir pareils outrages à notre langue française de souche inaliénable et sacrée.

Bon, j’èrrête lè pèrce que je vais encore me faire surprondre par l’heure de l’apéroyyye. Toutes mègnères, faudrait plusieurs tomes d’un dictionnaire en épaississement constant pour recenser tous les écorche-oreilles de ces microphonisés à la légère et inconsidérément.

Allez, “hnn” bisous “à vous”, “hein?” mais faisez comme même èttontion sur la route. Y è pès mèl d’ombouteillèges  …c’est compliqué4  è cause de lè neige.

 

1 [an] devient [on]/ Besançon = « Besonçon », intermittent = « intermittont », gouvernement= « gouvernemont », envoûtement= « onvoûtemont » etc…

[a] devient [è]/ manipulation= « mènipulètion », animal = « ènimèl », trou-de-balle= « trou-de-bèlle », et tout « è l’èvenont »

2 « La moyenne de n valeurs c’est le quotient par n de la somme des n valeurs » :

A gagne 30000€/mois

B gagne 800€/mois

“Moyenne” de leurs salaires= 30000+800 : 2 = 15400€. B n’a vraiment pas à se plaindre, quoi merde, il gagne 15400€ en moyenne !

3 La reine du genre c’est quand même l’hallucinée aux mollets entre parenthèses des infos de 19h30 sur FR3 – je sais plus son nom, tant mieux – qui termine toujours son solo de fayotage par un fort léger et discret « Très belle soirée à vous, bonsoir et à demain » !!!

4 «  Compliqué » : que feraient nos amis journalistes sans ce joker imparable !( entendu ce matin 11 fois en ½ heure sur France-Info contre 13 « oujard’hui » de l’ahuri M. Fauvelle)

 

Le Grand Charles, Gutenberg, le lobby de l’édition et les autres…

 

Il fut un temps où, de château en château, les troubadours (« trouvères » au nord de la Loire) s’en allaient contant (et pas toujours contents du gîte et du couvert qu’ils se voyaient offerts  en contrepartie) les exploits du Grand Charles (Carolus Magnus pour les amis) et de son neveu Roland.

Puis, lassé des grèves à répétition des intermittents du spectacle, l’on décida de se raconter les exploits du Grand Charles (Carolus Magnus pour les amis) et de son neveu Roland tout seul. L’on apprit à lire et l’on misa sur le parchemin, au prix de quelques souffrances pour les veaux qui laissaient leur peau dans l’affaire. Parchemin sur lequel on inscrivit d’une plume d’oie alerte (la plume parce que l’oie…) les exploits du Grand Charles (Carolus Magnus pour les amis) et son neveu Roland.

Les troubadours (« trouvères » au nord de la Loire) firent la gueule mais écrasèrent le coup, apprirent à écrire et se recyclèrent tant bien que mal dans la littérature.

Une poignée de siècles plus tard, un trouble-fête du nom de Johannes Gutenberg (un Fridolin) inventa l’imprimerie. Nos plumitifs, ex « troubadours » (« trouvères » au nord de la Loire) tirèrent une fois encore une gueule longue comme ça. Mais on n’arrête pas le progrès et ils se firent Hallyday  à l’idée de partager les bénefs que leur rapportait le récit  des exploits du Grand Charles (Carolus Magnus pour les amis) et de son neveu Roland, avec le lobby des éditeurs qui, malins comme des singes, avaient” esspliqué” (comme on dit à la télé) aux créatures de J.Gutenberg que, en tant que travailleurs manuels, ils avaient besoin d’être coachés par des êtres pensants.

Mais on n’arrête pas le progrès et, voici quelques décennies, l’informatique a rendu l’imprimerie superfétatoire, pour ne pas dire inutile. On peut dorénavant, tenez-vous bien, conter les exploits du Grand Charles (Carolus Magnus pour les amis) et de son neveu Roland sans faire appel à la magie des imprimeurs ni avoir à détruire des forêts entières    (ah oui j’ai omis de préciser qu’entre temps le vélin des veaux (rien à voir avec Vaulx-en-Velin) avait cessé d’être indispensable à la transmission, aux siècles des siècles, desdits exploits (ni de ceux, nettement plus sacrés selon les spécialistes, de Moïse et sa bande d’allumés mais ceci est une autre histoire).

Hélas ! D’aucuns ont horreur de tout ce qui touche à leurs petites habitudes. Ah ! Le crissement subtil du papyrus ! Ah , le parfum de l’encre fraîche ! Comment ça, ce qui compte ce sont les exploits du Grand Charles (Carolus Magnus pour les amis) et de son neveu Roland et la manière de les narrer qui importent ? Vous rigolez, les mecs ! Ce qui compte, c’est le tournage des pages par nos doigts pleins de confiture, le matin au p’tit déj’! Et la couverture ! Ah, la couverture cartonnée !  Et la poussière? Ah ! La poussière qui s’accumule sur les rayons des bibliothèques de Phronce et de Navarre ! Et le pilon ? À quoi il va servir, le pilon si on n’imprime plus ? On a imprudemment aboli la guillotine, au point de ne plus savoir que faire de nos Gilets Jaunes aujourd’hui, mais le pilon qui écrase les derniers espoirs d’un auteur de voir son œuvre un jour éclore aux yeux du public, nous faisant gagner un peu de place dans les rayonnages des libraires ? Faudra-t-il l’abolir, lui aussi ?

Non, croyez m’en, braves cons de lecteurs juchrémans. La culture est une est indivisible. Et elle passe par le livre. Le livre imprimé et aucun autre , émanation jalouse de la Parole Divine. Ne dit-on pas les « religions du Livre »(avec une majuscule) ? Quel mécréant se risquerait à parler des « religions du e-Book » (même avec une majuscule) ? Un peu de sérieux, voulez-vous !

Et notre bon vieux lobby des éditeurs, dans tout cela. Comment pourrait-il survivre à pareille diablerie si on n’y mettait rapidement un terme ? Ecoutez  les cris déchirants d’Albin, entendez les plaintes de Robert : « Ah ! Le bruissement délicat de la feuille que l’on écorne pour savoir où on en est ! Ah, la bonne odeur de moisi de l’encyclopédie en 25 tomes qu’on na n’a pas ouverte depuis qu’on l’a héritée de la tante Louise ! Ah, la toile d’araignée qui effraie la bibliothécaire à peine remise de sa dernière chute d’escabeau, pour la plus grande gloire du Livre Imprimé ! »

Ok, braves cons de lecteurs juchrémans ! Allez-y ! Continuez à dépenser le triple de ce que vous coûterait, au format numérique,  le même récit des exploits du Grand Charles (Carolus Magnus pour les amis) et de son neveu Roland. Continuez à sniffer votre papelard pétrolisé à mort et votre encre fraîche comme mon cul ! Continuez à vous laisser rouler dans la farine par ces arnaqueurs de proxénéditeurs qui reversent généreusement au descendant du troubadour (« trouvère » au nord de la Loire) 10 % du bénéfice de son travail obscur. D’autant plus obscur et flippé – et naze il faut bien le dire , s’agissant de certains troubadours  (« trouvères » au nord de la Loire)  – au hasard M. Houellebecq , sauf que , bizarrement, le beau légionnaire tourne à largement plus que 10% depuis son succès incompréhensible.

Et surtout bonne ânerie 2019, les Juchrémans ! Que l’arôme enivrant du calendrier des pompiers vous protègent des attaques vicieuses d’une évolution qui, quand on voit le résultat, aurait gagné à ne pas nous sortir de nos bonnes vieilles cavernes !

Bisous numériques.