Les aventures de Moïse / 9. Moïse pète sa crise (deuxième partie)

 

Il est tout de même étonnant de constater que l’équipe de bipèdes la plus sollicitée par l’actualité de ces dernières années en vue de soustraire Talbin aux lois de la pesanteur, la «race» (si vous ne me croyez pas demandez à Henri Graetz !) (1) la plus actuellement stigmatisée pour sa malhonnêteté – on leur prête des sous et ils veulent même pas rembourser, ces espèces de sodomites ! – les «pouilleux» du jour, c’est qui ? Je vous le prête en mille à 5,4 %,….ce sont les… Les descendants d’ ARISTOTE !!!

– Non?
– Si !  Le Grec Aristote soi-même !!! Le juste pourfendeur de l’aberration chrématistique (de khréma, la richesse, la possession) : la manie de faire de l’argent avec l’argent…Il disait que c’était «une activité contre nature et qui déshumanise ceux qui s’y livrent»…
– Il avait pas lu le Pentatruc alors ?
– Ben non vu que le Pentatruc, il était à peine fini d’imprimer… Non, camarades Juchrémans, Aristote c’était plutôt genre Les Six Clopes de la mère Cure ou Œdipe Purple et les slips Athéna contre l’Olympiakos du Pirée…Heu, enfin, des noms à coucher dehors comme ça…en tous cas une chose est certaine: il n’était pas juif ni ne présentait la moindre disposition à se faire chrétien ou musulman…
Pour lui,  Platon et quelques autres «étrangers» qui n’avaient pas encore reçu le catalogue Abraham & Fils, il n’était pas question de confondre la fin et les moyens. Si on avait écouté ces non-élus, Talbin n’aurait pas eu un jour à encourir les affres de l’obésité ni du diabète ni du cholestérol. Il aurait continué à faire son boulot d’âne. Bien gentiment. Allant où on lui disait d’aller et pas le contraire. Et surtout il ne nous aurait jamais obligés à le porter.

A en croire les ancêtres de nos losers en charentaises à pompons, pour qu’une économie tourne bien il est justifié d’établir une échelle de mesure – en l’occurrence l’argent – rendant possible «l’échange des valeurs d’usage en vue de satisfaire la vie».
De sorte que l’accumulation de ce simple médium transactionnel – «bagatelle et pure convention légale, sans fondement dans la nature, puisqu’un changement de convention parmi ceux qui s’en servent lui ôte toute valeur»(2) – ne doit en aucun cas devenir un objectif.
Aux antipodes de la pensée abrahamique, Aristote nous explique que l’argent n’est pas une marchandise comme les autres. Ni une marchandise tout court. C’est aller contre la nature même de l’argent que chercher à en vendre ou en acheter.
Je ne me sens pas plus grec que ça mais les résidus de vagues traces d’instinct de survie qui me remontent parfois comme un rot de bébé, me communiquent, en ces heures incertaines, le sentiment désagréable d’avoir été roulé dans la féta.

Alors les homo sapiens-sapiens, ou ce qu’il en reste, qu’est-ce qu’on fait ?
On se trimbale ce gros sac de chardons fermentés de Talbin aux siècles des siècles sous prétexte qu’il a été inventé par le Grand Prêteur/Dominateur de l’Univers Entier ? Pourquoi pas, après tout ?

Retour à la fiction pédagogique :

.          .          .          .          .          .          .          .          .          .          .          .          .          .          .          .          .

Suite du discours du boss en vue de faire construire une charrette pour transporter son âne:
« …Bipèdes, bipèdes ! Les autres bosses et moi-même avons pigé plein de trucs entre les dernières augmentations d’impôt et celles qui arrivent. Entre autres que c’est parce qu’il y a de plus en plus de pauvres que les riches sont de moins en moins nombreux et de plus en plus riches  alors si les pauvres voulaient bien faire preuve de compréhension et laisser leurs slips sur le comptoir, nos hôtesses feront le tri, merci à tous et bon chômage ! Ah ! J’allais oublier… Pour Talbin, je pense que le mieux, à moins de vouloir que, privée de son seul point de repère, notre civilisation s’effondre comme un chapeau de carpe, c’est de lui bricoler son carrosse vite fait. Pourquoi-parce-que quand on croît pas on décroît et chacun se doit de porter la sienne. C’est pas simple je sais même si moi, bien sûr, j’ai compris tout ça depuis longtemps vu que je suis hyper intelligent, hein Brizitte ? Sauf que, comme j’ai pas que ça à faire de toujours tout vous expliquer, je vous ai amené des potes qui swinguent pas mal non plus. On les voit sur toutes les télés en ce moment…. À vous les Écononos !

Chœur des Éconofumistes :
« Surgie des profondeurs de l’immense l’Univers
Pareille à la Comète qui effrayait nos Pères
Juste rétribution de nos péchés infâmes
Fondant sur nos enfants, nos chats, nos chiens, nos femmes,
Fléau dévastateur qui vide les frigos
Dépouille les mamies de leurs maigres lingots,
Ton nom, qu’il soit maudit, est sur toutes les lèvres
Redouté, obsédant jusqu’à nous rendre chèvres,
Matin, midi et soir, tu es notre hantise !

Ô Toua Crise ! »

…C’est pas moi qui le dis, hein, les Cèlzéceux ? Ce sont les Écononos  ! Et ils sont allés aux écoles, les Écononos ! Et à la synagogue ! Et à l’église ! Et à la mosquée ! C’est pour ça qu’il faut bien les écouter, les Écononos et se retrousser les manches pour bien rembourser tout ce qu’on doit à qui on le doit, en personne et personnellement :

«T’as fait des dettes(3) Odette
Tu tiens mal ta maison
T’as fait des dettes, Odette
Tu iras-z- en prison»

“...Mais surtout, en tant qu’encartés d’une nation souveraine et, je vous le demande, que  serait-elle si elle n’était pas souveraine, notre belle nation ? Hein ? Pourquoi-parce-que et toutes ces sortes de choses et c’est l’heure du biberon du petit-fils, en tout cas, pour Talbin, j’ai bien peur que vous n’ayez pas le choix, ni dans la date ni nulle part à moins que vous n’ayez choisi de nous mettre la honte, à Brizitte et à moi, d’être la première dame et le boss d’une bande de voleurs, ce qui ne serait pas très sympa, venant de cèlzéceux pour lesquelzéelles Brizitte et moi on a sacrifié notre jeunesse, enfin moi surtout…»

.          .          .          .          .          .          .          .          .          .          .          .          .          .          .          .         .

Pour en revenir à la vraie vie et avec tout le respect dû à Moïse, à Jésus, à Muhammad, au boss, à son âne et sa fine équipe de savants de Marseille ou d’ailleurs, je me demande s’il n’y aurait pas une autre façon de considérer les choses…

(1) «La race latine n’a produit et donné au monde qu’une police bien organisée et une bonne tactique. Seuls, les Grecs et les Hébreux ont fondé la véritable civilisation »
Henri Graetz, Histoire des Juifs (Introduction)

(2) Aristote, les Economiques

(3) En allemand, le mot “schuld” ne signifie pas seulement dette, mais aussi “faute”.

 

(à suivre : Moïse pète sa crise (suite et fin))

2 réflexions sur « Les aventures de Moïse / 9. Moïse pète sa crise (deuxième partie) »

  1. C’est toujours un bonheur de te lire.. et apprendre des choses en rigolant c’est pas banal.. surtout quand on imagine le boulot au niveau documentation et écriture.. bravo encore.. !!! je viens et reviens souvent…

    ptit apparté..

    et chez la femme hein ? chez la femme il sert à quoi le cerveau ?
    le cerveau ? quel cerveau ? Il donc serait principalement responsable de certains comportements primaires comme l’amour (de la soie, du chocolat, du cuir, des pompes chères.. ), les achats compulsifs de sacs à mains et de bijoux hors de prix, l’hostilité à l’égard de celui qui n’appartient pas au même groupe d’appartenance que soi (moi blonde détester toi brune et inversement), l’instinct de survie -en milieu masculin- plus la jupe est courte plus la survie est assurée, la territorialité (dégage tes fesses de là chérie avant que je ne te transforme en saucisson sec), le respect de la hiérarchie sociale (t’es le plus beau le plus beau le plus beau des plus beaux mon amour.. t’es content ???), le besoin de vivre en groupe (chéri ce soir je sors avec mes copines on a une soirée chippendale..), la confiance dans un leader (c’est toi le chef, oui oui oui.. bien sûr), etc.»

    Je t’embrasse,
    Biquette

    1. Chère Biquette, ce délicieux commentaire de blonde en jupe courte saucissonneuse de brunes dans le respect des testicules de son leader nous prouve s’il en était besoin l’efficacité de ta plume. Quand te décideras-tu à te la sortir d’entre les fesses pour enfin nous conter les aventures de Bitator qui, crois-en un expert, valent largement celle de Moïse?
      Je t’embrasse itou (et te prie d’excuser le filtrage devenu nécessaire sur fyr.com, attaqué tant et plus depuis le début de la publication des aventures de Momo)

Les commentaires sont fermés.