Archives par mot-clé : Médiapart

L’œuf, la poule et l’amour du métier

Salut les Juchréman(e)s !

Alors on va commencer par se poser l’éternelle question à propos de la poule et de l’œuf : céki ki l’est arrivé prems dans le Poulailler des Larmes ?

Et pis on va transposer au 21/10/25 et l’entrée du Nain Jaune à la Santé à défaut du Panthéon. ET la journée d’enfer que les « média » nous ont fait vivre à cause de cet artiste en arnaques/ embrouilles/ malversations/ faux et usage de faux,  etc… enfin récompensé pour l’ensemble de son œuvre.

Hier donc, pêle-mêle sur mon moteur de recherche, à l’entrée « Actualités», RTL, France Info, Le Monde.fr, 20 Minutes, BFMTV, Libération, Médiapart, Le Parisien, La Provence, Actu.fr, Le Nouvel Obs, Le HuffPost, TF1, parismatch.com, Le Figaro, YouTube, Cnews, europe1.fr, La Croix, lejdd.fr, Radio France, EuroNews.com, Ouest France, Le Point, Les Jours, etc… y allaient  de leur info « essclusive » comme on dit à la télé, sur ce seul et unique « sujet ». Et ce fut parti pour TOUTE LA JOURNÉE ! Radios, télés, internet…

D’où la question de la poule et de l’œuf. Est-ce vous, Juchréman(e)s du quotidien qui, hier matin, êtes tombés du lit une seule et unique image en tête : un petit septuagénaire à gros derrière et oreilles taillées en pointe, aux mouvements d’épaules imprévisibles même par lui, quittant son luxueux gourbi au bras d’ une starlette des années ? pour se faire acclamer par ses fans de radis puis escorter par une bonne équipe de motards respectueux jusqu’à l’entrée d’une prison parisienne bien connue ?

Ou bien sont-ce les « journalistes » précité(e)s qui, comme un(e) seul(e) homme/femme, ont filé le train de leur rédac chef(fe) et sauté sur la manne qui leur tombait du ciel : UN EX-PRÉDANT DE LA RAIE EN TAULE !!! POUR DE VRAI !!! Vas-y coco ! Tape moi ça en une !!! Sûr que nos zaboné(e)s veulent à tout prix être tenu(e)s au courant des malheurs d’ un petit septuagénaire à gros derrière et oreilles taillées en pointe, aux mouvements d’épaules imprévisibles même par lui, quittant son luxueux gourbi au bras d’une starlette des années ? Faut surtout pas les décevoir ! On appelle ça l’amour du métier, coco!

Bien sûr, ce matin de bonne heure, ça et là, dans le remue-ménage orgastique des salles de rédaction, y a forcément eu, par ci par là, une petite voix qui disait un truc du genre : « heu, et si on parlait plutôt des 42 000 gosses sans-domicile en Phronce à l’approche de l’hiver (chiffres UNICEF) ? », « heu on dit rien des 11% de Phroncés sans médecin (chiffres CNAM) ?», «  sinon chef, on ferme les yeux sur les entreprises du CAC 40 qui ont reversé près de 100 milliards d’euros à leurs actionnaires en 2024 ? », « heu moi si vous voulez j’ai pondu un truc sur les 3,2 millions d’animaux tués chaque jour dans les abattoirs phroncés. Plus de 8 sur 10 viennent d’élevages intensifs sans accès à l’extér… Ah non toi ta gueule avec tes protéines végétales et ta Shoah des Animaux !… »

Bien sûr qu’y aura toujours des petites voix  dissonantes et trébuchiantes!

Kèstuveu, Tintin Émilou, y aura toujours des casse-couilles qui z’aiment pas leur métier!

Continuez à demander « MARS 2221 » !

La semaine dernière je vous lâchais un petit topo sur l’impression à la demande, emprunté au blog que j’ai ouvert sur (Club) Médiapart . Voilà que je récidive. Ce matin je leur ai posté un complément alimentaire de mon expérience amoureuse avec la librairie indépendante française et ce soir je peux pas m’empêcher de vous en faire profiter, bande de veinards ! Cela dit, les cèlzéceux qui préfèrent le lire là-bas, c’est toujours gratos, sauf les likes (ils disent « recommander ») et les commentaires. Par contre y a pas les images, pas le temps.

Ça s’appelle : « Impression à la demande, etc… (suite et fin) »

Ou « Quand un mini sondage pointe un maxi grain de sable dans les rouages (trop) bien huilés du commerce de la littérature. »  C’est parti !

Pour ceux qui n’auraient pas lu « Impression à la demande, librairie indépendante, écologie et littérature », en début d’année j’adresse le PDF de mon dernier roman à 560 libraires indépendants. Je reçois une dizaine de retours. Qui disent tous la même chose : « les livres en impression à la demande ne sont pas bienvenus chez nous ». Un de mes correspondants s’en explique.

« Bonjour,

et bonne année également.

Commander des livres, c’est notre quotidien.

Mais les commander chez votre éditeur qui pratique l’impression à la demande cela nous arrive lorsqu’un lecteur nous le demande1. Aucun retour n’est possible chez cet éditeur d’où ma frilosité pour en avoir en stock. »

« Aucun retour n’est possible ». Fort de cette explication, je développe la théorie suivante : venu le moment de garnir ses tables et remplir ses rayons, le libraire indépendant sent son indépendance mollir : l’éditeur de l’ouvrage qu’il s’apprête à exposer s’engage-t-il bien à reprendre les invendus ?

Si sa boutique fonctionnait sur le principe de l’impression à la demande, le malheureux n’aurait pas à flipper de la sorte. Le débarrassant au passage de sa chronophage gestion des stocks, l’IAD lui permettrait de se concentrer sur l’essentiel, savoir : le bouquin a-t-il une chance/mérite-t-il – à son avis éclairé – de trouver un public ? Sans parler de la trace carbone de l’industrie du livre – sujet de préoccupation majeur (ou pas) de tout professionnel de l’édition  – qui, grâce à l’IAD, chute drastiquement…

N’empêche que le jetage absolu dont j’étais victime avait de quoi alimenter ma parano naturelle. Les libraires n’étant pas à priori de mauvaises personnes, allez savoir si, dans leur écrasante majorité (550/560) ils n’avaient pas trouvé mon bouquin tellement naze que la plus élémentaire charité chrétienne leur intimait d’en rester là. Quant aux rarissimes (10/560) m’ayant gratifié d’un retour, leur aversion pour l’impression à la demande était-elle autre chose qu’un alibi des plus élégants qui leur épargnait de me renvoyer à mes piètres qualités d’auteur ?

Après des nuits d’insomnie, je décidai d’en avoir le cœur net et me lançai dans un nouveau mailing. Cette fois je me limiterais à ce que j’imaginais être la crème de la crème de la librairie indépendante française. J’écumai le bottin des grands centres urbains. Paris, Lyon, Marseille, Lille, Toulouse… Pour la petite histoire, les librairies bordelaises se révélèrent terriblement avares en adresses-mail ! Bref, triées sur le volet hexagonal, 152 librairies indépendantes eurent l’honneur et l’avantage de recevoir le courriel suivant :

« Sujet : Sondage-éclair

Bonjour librairie X,

Dans l’optique d’une tribune intitulée «  Impression à la demande, stocks, invendus et écologie », merci d’avance de votre réponse à ce sondage-éclair. Il vous suffit de me faire un retour mentionnant le numéro de la question suivi de « oui » ou « non ».

Toute remarque annexe touchant à la trace carbone de l’industrie du livre ou au principe de l’impression à la demande est plus que bienvenue.

1) Avez-vous lu le PDF de « Mars 2221, roman » que je vous ai adressé en date du 02/03/24 ?

2) Avez-vous mentionné à votre clientèle l’existence de ce livre, afin que des personnes potentiellement intéressées puissent vous en passer commande ?

3) Si vous ne l’avez pas lu, prévoyez-vous de le lire un jour et, si vous en pensez du bien, d’en parler à la frange de votre clientèle potentiellement intéressée ? »

Comme pour le PDF, j’ai eu très très peu de retours2. Tous identiques :

Au hasard :

– Librairie des D…

1-non

2-non

3-non

 

– Les T…

1) non

2) non

3) non

 

– Librairie T…

Bonjour monsieur

Pour nous, la réponse est non aux trois questions

Cordialement

 

– Librairie L… N…. B…

Bonjour,

1 NON

2 NON

3 NON

Bonne journée.

 

– L…en T…

Bonjour Monsieur,

J’espère que vous allez bien. Le lien entre votre « sondage » et le sujet de la tribune n’est pas explicite. Et en l’état les réponses que je vais apporter à vos questions relèvent davantage d’une problématique liée à la distribution (les retours à l’éditeur) qu’à l’impression à la demande.

1) Non

2) Non

3) Non

Belle journée à vous,

En restant à votre disposition,

On comprendra que j’aie gardé ce mail pour la bonne bouche, dans la mesure où il met au jour une tragique évidence. Les libraires indépendants n’ont pas encore intégré que la « problématique liée à la distribution (les retours à l’éditeur) » disparaît avec le choix du système de l’impression à la demande.

Quoi qu’il en soit, à l’heure où j’écris ces lignes vous me voyez assis le cul entre deux chaises.

Dois-je me réjouir du fait que mes qualités littéraires n’ont rien à voir avec la fin de non-recevoir que la librairie indépendante hexagonale oppose à mon bouquin ?

Ou me lamenter à la pensée que, malgré tous mes efforts en ce sens :

1) aucun libraire indépendant n’a lu mon « Mars 2221 »

2) aucun client de sa librairie n’est au courant que « Mars 2221 » est commandable, sinon recommandable 😉

Mais surtout que :

3) jamais libraire indépendant ne lira « Mars 2221 » de sa propre volonté ». Si d’aventure un de ses clients apprend que ce livre existe, ce sera par Google (qui le dirigera direct sur Google Books, voire Amazon).

Et encore plus surtout 🙂 au-delà de ma déception personnelle, que penser de l’obstination de la librairie indépendante hexagonale à balayer d’un revers de manche un système de commercialisation aussi équitable, logique et écologique que l’impression à la demande ?

 

Franck Richard, auteur indépendant

 

Il ne manquerait plus que le pauvre gars se voie opposer un refus !

À  moins qu’il/elles en décident autrement, les noms et adresses des libraires (que je remercie de leur participation au sondage) resteront entre eux/elles et moi