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Sans aucun doute

Qu’est-ce que vous croyez, les Juchréman(e)s ? Je suis comme vous, vous savez ! Il m’arrive de douter de moi, et plus souvent qu’à mon tour ! Ce que je fais dans ces cas-là ? Eh ben je fais comme vous. Je tape sur ma femme, mes gosses ou, comme j’ai ni l’un ni l’autre, sur mes chats, ou alors je tire sur celui des voisins… Nan c’est même pas vrai. Je ne doute JAMAIS de moi. Sinon comment je pourrais écrire des trucs comme (extrait de Mars 2221, roman*) ↓

– Votre commanditaire de beau-père, qu’est-ce qu’il va penser de tout ça ?

– Bah si je vous efface tous les deux, il saura jamais que son invention fonctionne à merveille. Il saura jamais qu’hier soir sur mon téléphone, à 11h01 précises, j’ai reçu 5/5 le barrissement en provenance de votre cerveau.

– Parce que lui, il l’a pas reçu ?

– Trop loin. Le quantasonar a une portée de quelques kilomètres seulement. C’est sa faiblesse. La raison pour laquelle il m’a persuadé de me raser. Je devais me rendre méconnaissable à vos yeux et vous suivre comme votre ombre jusque sur cette planète hostile. Subir les affres du mal de l’espace… Sans mentionner les vexations inhérentes au statut de déraciné…

Merde, revoilà Jean d’O. La fin est proche.

– …À la nouvelle que vous vous étiez enfui de la Résidence, le démon me fit quérir urgemment. Cette fois ce n’était plus une enveloppe qu’il me faisait miroiter mais bien la moitié des bénéfices, incalculables clamait-il, que sa puce miracle allait tôt ou tard nous rapporter. Il croyait dur comme fer aux affirmations d’un certain « professeur Marcel » selon lesquelles la moindre commotion cérébrale était à même de vous rendre vos super pouvoirs …Grâce à son quantasonar nous serions là pour en profiter…

– Tant qu’il y était, il vous aurait pas suggéré de précipiter l’événement ? Une commotion cérébrale, c’est pas très compliqué à organiser…

– L’odieux personnage n’avait pas à se donner cette peine. Il savait trop bien que je ne pourrais résister longtemps au désir de serrer Castor et Romulus contre moi…

– Castor et Romulus ?

– Les angelots gémellaires que ma douce Moushkra m’a donnés. Incapables de choisir entre « Castor et Pollux » et « Romulus et Rémus », nous avons en quelque sorte coupé la poire en deux… Un démon, vous dis-je ! Un démon ! La façon dont il a toujours joué sur ma tragique infirmité ! Cette peur de manquer héritée de papa ! C’est elle – mon psy en est convaincu – qui sous-tend mon besoin maladif d’acquisitions matérielles. En Lacanien pur et dur, il appelle cela le syndrome de l’écureuil constipé. Couplé à un orgueil maladif qui me pousse à toujours « péter plus haut que j’ai le trou-de-balle », selon l’expression populaire… Tenez quand j’étais enfant, un oncle, drogué notoire, m’avait, sur le mode de la plaisanterie, fait accroire que lorsque sa vie de débauché l’aurait contraint à la mendicité, il reviendrait rôder autour de la luxueuse maison qu’entretemps— il ne pouvait en être autrement— ma fulgurante ascension sociale m’aurait permis d’acquérir dans le quartier le plus huppé du dôme le plus luxueux de Terra… Aujourd’hui encore, la vision irrationnelle de ce mendiant en guenilles révélant notre lien de parenté aux voisins m’occasionne d’épouvantables cauchemars…

Pendant que Kuduort nous bassine avec ses mémoires de désespoir, il appuie pas sur la gâchette. L’encourager à jacter !

– Donc, hier soir, à 11h01, le quantasonar vous transmet le « cri du blé » en direct live depuis ma teutê. Vous contactez aussitôt d’Avila qui vous rapporte ma conversation en cours avec monsieur Calmann-Lévy…

Il branle le chef. « …Conversation qui, me précise-t-elle, porte sur la mine désaffectée. Nul besoin d’être grand clerc pour hypothétiser le rapport de cause à effet sous-tendant la quasi simultanéité des deux occurrences…

Retour en force du prostatisme lexical ! Aie aie aie ! La rafale de multi syllabiques en présage une autre, nettement moins proustienne… Le canon du plasmok se lève lentement, orienté vers mon front dégoulinant de sueur. Je regarde Anthéa. Elle me regarde. Elle a jamais été aussi belle.

 

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Vous kiffez les miaous ?

Hello les Juchréman(e)s ! Rassurez-vous on a pas fini de parler des journalistes, ici sur fyr. Et pas que des journalistes littéraires. Mais ce matin, je me sens pas de bagarrer contre les moulins. Ce matin on va les laisser tourner—aussi peu rond qu’ils veulent—les moulins, d’accord ? Et puisque, jusqu’à lundi inclus, s’il vous en prend l’envie vous pouvez télécharger gratos «Samouraï (les Marionnettes) », je vous en glisse un extrait. Vous kiffez les miaous ?

« Il laisse flotter ses pensées au gré des vagues du temps et de l’espace. Qui, comme à chaque fois, le ramènent au rivage deux ans en arrière. À la seule période de sa vie où l’expression « vivre » a eu un sens pour lui.

En quelques mois, Petit-Chat était devenu un jeune félin souple et agile qui lui communiquait l’énergie dont il manquait parfois. Exemple, les matins où, démotivé par la pluie qui frappait au carreau, il se laissait aller à traîner au lit alors qu’il avait des clients à livrer ou que l’atelier avait besoin d’un coup de balai. Il sentait alors les moustaches de Petit-Chat lui chatouiller le nez et les oreilles. Petit-Chat avait faim. Il se délectait quelques minutes encore du câlin intéressé de l’animal, de son ronronnement, avant de repousser le drap et se redresser. Assis au bord du lit, il entamait le dialogue.

– C’est l’heure des croquettes, tu crois ?

– Rrrrrr…Rrrrr.

– T’es sûr ?

– Rrrrrr… Rrrrrrrr…

Le ronronnement s’amplifiait, bientôt ponctué de miaulements brefs, impatients. « Trêve de billevesées ! Bouge-toi, mon gars ! Bien sûr que c’est l’heure des croquettes ! C’est toujours l’heure des croquettes ! ».

Des croquettes de luxe, offertes par Hassan-le-Généreux, comme le reste des denrées dont le placard de la kitchenette était plein à craquer. Le mini frigo regorgeait quant à lui d’entremets chocolatés et de jus d’orange pur fruit. Attablé devant son bol de cornflakes, il écoutait avec ravissement les petites mâchoires broyer les croquettes que la truffe rose allait piocher dans les profondeurs de la gamelle. Un « diling-diling » qui n’était pas sans évoquer Onc’ Picsou farfouillant dans son tas de pièces d’or. Il souriait. Il était bien. »

Journaliste (5) (vivement l’IA !)

Hier donc, on se demandait ce que devient le/la los(er)(euse) qui a lâché un ebook sur Amazon (ou sur toute autre plateforme de téléchargement) en auto édition…

« Éléments de réponse », comme on dit dans les milieux informants :

  • Iel se voit rarement attribuer le Goncourt.
  • Iel a intérêt à avoir un(e) copin(e) compréhensive ou—solution (à peine) plus pérenne—un « vrai boulot » à côté.

Quant à ce qu’iel pense des journalistes littéraires, heu… c’est-à-dire… si on pouvait éloigner les enfants pendant que je synthétise en termes lisibles par toutes et tous : vivement que les milieux informants, sous-section production littéraire, quel que soit leur support, radicalisent leur recours à l’IA (c’est déjà pas mal parti :)) ! En trois coups les gros, loin de l’entre-soi complaisant, des graissages de pattes, de la consanguinité érigée en système,  à moindre coût et tellement mieux rédigé que par qui vous savez, une IA décomplexée te ferait le tour de TOUTES les publications de rentrée, papier ET numérique, en provenance du cartel traditionnel ET auto éditées, avec résumé et suggestions touchant au style de lectorat potentiel. Je vous garantis que les feuilletons « séries » Nextflip n’auraient qu’à bien se tenir !

Allez France Culture, France Info, France Inter, Livres Hebdo, La Croix, Nord Littoral, Télérama, Le Figaro, Les Echos, Le Monde, et autres fleurons du journalisme « plutôt bon grain »! En cette « rentrée littéraire » 2025, oubliez un court instant vos 484 Fantastiques pour la plupart englués dans le déjà-lu mille fois ! Tentez plutôt un petit effort de prise de conscience du marasme dans lequel la chose écrite s’enfonce un peu plus à chaque « rentrée littéraire »* ! Reflet fangeux, nauséabond mais surtout totalement injuste, centré sur le profit de quelques-un(e)s au détriment de la survie de tous/ toutes, de celui qui plonge la société des bipèdes préhistoriques post modernes toujours plus profond dans l’ignorance suicidaire de leurs intérêts véritables.

Et puisqu’on en cause, désirant apporter mon tout petit caillou à la construction d’un rempart durable contre la montée des eaux, j’ai la joie de vous annoncer que, du 11/09/25 (aujourd’hui) au 15/09/25 inclus, « Homo juchrémanensis » (pour faire le point sur certains trucs) et « Samouraï : les Marionnettes » (pour se détendre) sont téléchargeables GRATUITEMENT sur le grand méchant Amazon.

 

* Exemple, au chapitre « vendre moins pour gagner plus » : « Le chiffre d’affaires des éditeurs est passé de 2 911 millions d’euros en 2022 à 2 945 millions d’euros en 2023, soit une hausse de 1,16%. Le nombre d’exemplaires vendus est, quant à lui, passé de 448,5 millions en 2022 à 439,7 millions en 2023, soit une baisse de 1,96%. » (source Syndicat National de l’Édition)

Journaliste (4) (Un smartphone ???)

Salut les Juchréman(e)s ! Ça bloque à fond, j’espère ? Alors histoire de vous distraire toutes et tous là, solidement regroupés autour des lieux d’aisance — pour garantir l’efficacité d’un blocage, J.P. Marx l’a bien dit, il faut commencer par où ça fait le plus mal au système — pour vous distraire donc, j’en reviens à mon « sur-étonnement » au constat que l’existence du livre numérique a totalement échappé au regard acéré des journalistes littéraires ! Dingue, non ? Surtout que, ne serait-ce que pour s’envoyer des sextos, voire des nudes ou, en attendant la désignation du Goncourt, s’adonner furtivement à un brin de revenge-porn entre collègues désœuvrés, iels ont toutes et tous et depuis longtemps investi dans un smartphone, non ?

« Un smartphone ??? Le rapport avec Cécel Prout et consorts ? », vous grattez vous la tête.

Hé ben oui un smartphone. Pour éviter les coups de coudes dans les côtes de son voisin de RER en tournant les pages de son futur Goncourt, il n’y a pas que la merveille de discrétion …et de praticité (modifier la taille des caractères, consulter le dictionnaire intégré, LIRE DANS LE NOIR, etc…) couramment appelée « liseuse » ou, déjà moins discrète mais plus riche en fonctions annexes, sa cousine, la « tablette tactile ». Nan, les Juchréman(e)s, un bouquin au format numérique on peut le lire aussi sur son putain de mobile ! Suffit d’avoir le pouce un peu déluré. En vrai, un bon bouquin numérique ça se dévore sur plein de machins, de trucs et de bidules dont les journalistes littéraires connaissent parfaitement l’existence, croyez moi ! Et les directeurs de publication de Hachette, Lagardère, Editis, Vivendi, Grassouillet et autres Calamar, pas moins ! Pour preuve, le prochain Goncourt, toujours lui, ne manquera pas de voir sa version numérisée en vente « sur toutes les plateformes » ! Et celles des 483 autres Fantastiques pas loin derrière.

Alors ?

Alors, si le retard à l’allumage des journalistes n’a que des effets secondaires sur le devenir des 484 Fantastiques, pour un bouquin, possiblement tout aussi fantastique sinon plus MAIS auto édité, il est carrément catastrophique. En 2025, sur la planète des journalistes littéraires préhistoriques post modernes surbookés, le/la los(er)(euse) qu’iel a pas les finances pour arroser son monde avec ne serait-ce qu’un exemplaire « broché » gratos dédicacé avec tendresse et respect (surtout respect) à tel ou tel incontournable détenteur(je propose pas le mode féminin, les journalistes littéraires sont à 99% des keums) d’une carte de presse pas trop falsifiée qui puisse lui octroyer un chouïa de « visibilité », le/la los(er)(euse) qu’iel a juste un clavier lambda sur lequel taper son blabla lambda, relu et corrigé par ses soins lambda plus ou moins éclairés—n’est pas typo grammairien(ne) qui veut, le/la los(er)(euse) qu’iel a juste le vilain Amazon esclavagiste (beurk ! Faut vraiment être seul(e) et sans un pour flirter avec ces gens-là, hein les bien-pensant(e)s ?) pour lui entrouvrir la porte-saloon de sortie de l’anonymat complet qui, iel en est bien conscient(e), a toutes les chances de lui revenir sur le museau avant qu’iel ait pu se glisser entre ses battants acérés, coupeurs d’envie de recommencer, au vu du nombre de lecteurs numériques susceptibles de tomber par erreur sur le fruit de ses efforts, qu’advient il de lui/elle ?

(réponse demain si j’arrive à faire caca)

Journaliste (3) (D’étonnements en sur-étonnement)

Hier je m’étonnais que le décompte « 484 » s’appliquât à des publications « sur support papier uniquement ». J’observe que pas mal d’entre vous, ami(e)s lecteur(e)s préhistoriques post modernes, avez derechef haussé un sourcil, sinon les deux.

Comment ça ? Existerait il des livres écrits sur autre chose que de la chair d’arbre broyée, inondée, transformée en une pâte bientôt malaxée, blanchie, étirée à l’extrême avant d’être enroulée autour d’une énorme bobine puis, à force d’encres, de solvants, de colle pour la reliure, façonnée jusqu’à prendre la forme commercialisable de nos 484 Fantastiques et leurs « premières de couverture » sobrement prétentieuses ou tape-à-l’œil-juste-ce-qu’il-faut, selon l’infranchissable « ligne éditoriale » choisie par l’éditeur ?

La réponse est… OUI !

Mais je comprends votre étonnement en retour, à toutes et tous. Il n’a d’égal que celui des tenants de l’écriture cunéiforme sur tablette d’argile quand, en des temps immémoriaux, on les entretint de l’existence de planchettes de bois enduites de cire que l’auteur gravait avec un stylet en métal (l’autre extrémité du stylet était évasée et une fois chauffée, servait à lisser la cire afin de rendre la planche réutilisable—on venait d’inventer la gomme !) …Ou celui des Joël Dicker sur planche de cire quand on leur vanta les pouvoirs du « papyrus », un monopole égyptien introduit en Méditerranée par les Arabes (pré islamiques, je rassure V. Bolloré) et peu à peu vendu en Occident. Facilement transportable grâce à sa légèreté, il fut direct utilisé par le pape Hadrien Ier dans sa correspondance avec le Grand Charles, aka « Charlemagne » vers  l’an 788, avant de donner naissance au parchemin et à sa déclinaison bien pratique—le « codex » (plusieurs cahiers de parchemin cousus ensemble), annonciateur de vos livres actuels, ami(e)s lecteur(e)s préhistoriques post modernes !

Comme quoi, la littérature n’a pas fini de nous étonner. Ou du moins les supports qui, à travers les âges, la rendent accessible à nos insomnies récurrentes.

D’où le sur-étonnement qui m’étreint. Car on ne peut que se sur-étonner, en ce troisième millénaire naissant, de la légèreté, doublée d’une certaine condescendance, avec laquelle nos respectables journalistes littéraires, toutes tendances confondues, ont, semble-t-il, décidé de passer sous silence une invention qui « pourrait potentiellement » (un classique journalistique) nous réconcilier avec la science préhistorique post moderne…

(à suivre demain si le monde existe encore)