Le printemps. La période de l’année où on en veut un peu moins à nos couillons de parents de nous avoir sortis – temporairement, ouf ! – du nirvana. C’est vrai qu’elles sont craquantes ces petites primevères. Élégance et discrétion. Tout sauf juchrémanes qu’elles sont, les primevères. Et pourtant elles en ont vu défiler des processions superstitionnaires, les pauvres mignonnes ! Des pâqueries soutanales aux grand-pardonnades kipesques en passant par les ramadaneries enserpillées… Elles en ont entendu des airs de pipeau hébraïques, latins ou arabiques ! Vantant l’amour du prochain, la compassion et la générosité dans la gloire retrouvée d’une Nature divinement ressuscitée, etc etc. Le tout doré sur tranche et incrusté de pierres précieuses because les VRP du Grand Yavallah ils lésinent pas sur la déco.
A propos, demain vendredi, journée sainte s’il en est, la période de l’année où on en veut un peu moins à nos enfants de ressembler à leurs couillons de parents qui les ont – temporairement, que ces chers petits futurs cadavres se rassurent ! – sortis du nirvana, la région parisienne va connaître un pic de pollution pour la troisième journée consécutive. Bah, on n’en appréciera que mieux l’élégance discrète des primevères quand la brume nécessaire à la croissance économique de la Juchrémanie occidentale post moderne se sera temporairement dissipée.
Archives de catégorie : Graffiti
Entretiens avec Léon (7)
Mobilier urbain
« Ecoutez ceci, ô vous qui grugez les nécessiteux et tendez à supprimer les pauvres du pays! » (Prophètes, Amos, 8,4)
-Tu vois, Léon, s’il y a une chose qui me dégoûte dans le comportement du Juchréman moyen, c’est son aptitude incroyable à faire le faux.
-Tu veux parler de certains présidents de la république qui se disent ennemis des financiers tout en leur arrangeant des coups pas possibles pour qu’ils puissent continuer à s’en mettre plein les fouilles sur le dos du citoyen ?
-Par exemple mais aussi, de manière plus générale, de tous ces braves gens qui, une fois s’être solennellement déclarés horrifiés à l’idée de voir leurs destinées tomber entre les mains de papy Le Pen et sa grosse viking de fifille – à tel point qu’ils t’ont cassé les noix 24/24 pour te faire voter pour n’importe quel autre escroc de préférence – frétillent du croupion à l’arrivée aux commandes du char à bœufs gouvernemental d’une petite frappe autoritaire qui ne pense qu’à bouter les Roms hors de France.
-Mais puisque la note de police préconisant de « localiser de jour comme de nuit les familles roms du 6ème arrondissement de Paris vivant dans la rue » et de les « évincer systématiquement » vient d’être « rectifiée » par le ministère de l’intérieur ?
-C’est vrai, tu vois je monte sur mes grands chevaux tout de suite ! Alors que la circulaire interministérielle du 26 Août 2012 prouve bien que le socialisme n’est pas un vain mot. Selon ses auteurs, « elle permet d’appliquer avec fermeté et humanité trois principes : le démantèlement des campements illicites en proposant des solutions d’hébergement chaque fois que cela est possible, le respect du droit au séjour et la coopération avec les pays d’origine pour y permettre leur réinsertion ».
-T’as vu…
-Mea culpa. En fait, j’avais mal compris. Manu-la-Tendresse, tout ce qu’il veut, « avec fermeté et humanité », c’est que de pauvres exilés puissent au plus vite regagner leur paradis perdu. C’est là leur « vocation », comme il dit et une vocation c’est juchrémaniaquement sacré. « Les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie, et pour cela il faut que l’Union juchrémane européenne, avec les autorités bulgares et roumaines, puisse faire en sorte que ces populations soient d’abord insérées dans leur pays.»
-Mais oui…De toute façon, Laurent Nunez, le directeur de cabinet du préfet de police de Paris a bien dit que le terme « évincer » « peut être mis sur le compte d’une maladresse ».
-Je me disais aussi…A propos, en parlant de « solutions d’hébergement chaque fois que cela est possible », j’ai noté une entrée sympa sur Wikipédia : « Mobilier urbain anti-SDF ». Apparemment, c’est encore une affaire de vocation : « Le mobilier urbain anti-SDF a pour vocation de rendre inconfortable l’occupation prolongée d’un espace ».
-Alléluia ! Encore une création d’emploi en Juchrémanie post moderne ! J’imagine le mec qui passe sa journée à inventer des moyens de « rendre inconfortable l’occupation prolongée d’un espace »… « -Tiens salut ! Je te croise plus à Pôle Emploi, caisse tu deviens ?-Bah j’ai monté un petit bureau d’études spécialisé en mobilier urbain anti-SDF dans mon sous-sol. Je croule sous les commandes… »
-Je me demande pourquoi d’un seul coup je repense aux tessons de bouteilles cimentés sur le faîtage des murs de mon enfance. Genre « hé les gamins, on vous empêche pas de venir cueillir des jonquilles dans le parc mais pensez à enfiler une cotte de mailles ! Ah oui, on a aussi oublié un piège ou deux on sait plus où… ». L’hypocrisie, Léon ! L’hypocrisie ! Cette spécialité juchrémane qui nous pourrit l’existence pire que n’importe quel totalitarisme.
Parce que le vilain faf, on peut le montrer du doigt le dimanche à la sortie de la messe…Psaumes 17,7 : « Signale ta bonté, toi qui sauves ceux qui cherchent un refuge. » ou le samedi, à la sortie de la synagogue… « Tu ne pervertiras point le droit de l’indigent » (Talmud de Babylone, 278)
-Ou le vendredi, sur le trottoir de la mosquée en construction…Coran, Al-Hashr 59.9 :« Heureux les gens qui savent se prémunir contre leur propre avarice ! ».
-Ou tous les jours sur les « pages » des passionarias facebook qu’elles z ont des zenfants qu’elles veulent pas qu’ils virent bac+12 au chômedu dans ce monde cruel alors on se repasse un mistral gagnant-gagnant des années folles pour mériter les « j’aime » des zamis qui le « partageront » avec leurs zamis. Ah-si-tous-les-ipads-du-monde-ils-pourraient-se-donner-la-main-one-love…
-Bah c’est humain, enfin: préhumain,disons … Sinon tu veux dire que les tendances politiques –pardon, aujourd’hui on dit « sensibilités »- aussi caricaturales soient-elles, ne sont qu’une crotte de nez dans la fange socioculturelle dont se repaissent nos grands principes de surface ?
-Mouais, c’est pas mal dit. On peut aussi les voir comme une verrue sur le chancre mou des beaux sentiments frelatés, proliférant tranquillement sous le soleil d’un délabrement mental héréditaire nourri à la peur du lendemain et la culpabilité d’être.
-Deux mamelles de la louve juchrémane parmi quelques autres non moins efficaces…
-Desquelles il serait fort judicieux de songer à se sevrer enfin, plutôt que continuer à faire des caprices sans lendemain à propos d’épiphénomènes qui ne font peur qu’à ceux qui le veulent bien.
Le « mobilier urbain anti-SDF » pas plus que l’ « évincement systématique » des familles roms ne sont des inventions à caractère politique mais bel et bien les dernières trouvailles d’une société dont l’hypocrisie morbide plonge ses racines dans un inconscient collectif malade de sa culture.
S’il fallait une preuve supplémentaire de ladite hypocrisie sachons que, pour noyer le poisson rom et finir d’embrouiller les offusqués des trottoirs à fakir « depuis lundi, la préfecture de police a lancé une nouvelle campagne de dératisation à Paris. Pendant cette période, les syndics, propriétaires, locataires ou gérants sont tenus de prendre toutes les mesures nécessaires pour lutter contre les rats et souris. »
Je suppose qu’encourager ces crados de roms et ces sacs à puces de SDF à continuer à zoner dans les parages irait gravement à l’encontre des mesures en question, non ? Dieu merci, « des agents de l’unité de prévention des nuisances veilleront au bon déroulement de l’opération. Des contrôles seront effectués et des contraventions pourront être dressées en cas de non destruction des nuisibles. L’amende peut s’élever à 450 euros. »
-Tu sais, gars Franck, y a des fois je me demande si tu fais pas exprès de tout mélanger.
Entretiens avec Léon (6)
Pourceautages
Vu d’avion, les villes peuvent être définies comme un réseau de rues à entretenir, des maisons à rendre aussi agréables à vivre que possible, des commerces à répartir au mieux des besoins des habitants. De même, y sont indispensables des établissements scolaires bénéficiant tous de moyens semblables et, bien entendu, des professionnels de santé – éventuellement cliniques ou hôpitaux – accessibles à tous, financièrement et géographiquement.
Les villes sont des lieux d’épanouissement culturel où les théâtres, les cinémas, les musées sont aussi nécessaires que les espaces verts et les gymnases. En ce domaine également, une distribution cohérente et un accès facile sont des critères déterminants…
Des sages chargés de veiller au respect des valeurs de justice et d’équité propres à favoriser un climat de sérénité bienveillante entre les citoyens, ou « conseillers municipaux », sont recrutés pour une durée limitée, par cooptation, le plus souvent parmi les diplômés d’écoles spécialisées dans la gestion harmonieuse de groupements humains. Leur rémunération est, bien entendu, égale à celle de tous les autres citoyens puisque nous vivons enfin dans une société non juchrémane, c’est-à-dire une société de laquelle toute idée d’avantages matériels liés à une fonction quelconque au sein de la cité a été bannie. Plus de hiérarchie mais une répartition horizontale des tâches selon les talents des uns et les besoins des autres. Ajoutons en passant que l’argent est redevenu ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : une monnaie d’échange, auto destructible après une année révolue de non utilisation. Eh oui ! Nous avons finalement réussi à laisser notre préhistoire derrière nous et notre cerveau reptilien au placard. Les superstitions, juchrémanes ou autres, continuent à circuler, surtout près des cimetières les soirs de pleine lune mais, dans la mesure où le tissu d’âneries sur lequel elles s’appuient a cessé de nuire au développement de structures mentales proprement humaines, chacun les laisse mourir de mort naturelle…
-Hé gars Franck, réveille-toi !
-Qu…Que se passe-t-il ?
-Les premières estimations viennent de tomber, ça t’intéresse ?
-Non mais envoie quand même!
Car ce qui précède n’était qu’un rêve. En vrai, à la télé, les soirs de « dépouillement », on ne conçoit pas la gestion d’une ville ou d’un village comme un métier qui s’apprend et s’exerce par goût, voire vocation, à l’exclusion de toute motivation juchrémane (pépètes, besoin de dominer, tribalisme, etc). Non, à la télé, les soirs de dépouillement, on ne parle que de « batailles », de « fiefs » à « conquérir » ou à « défendre », de « citadelles », de « bastions » à « arracher » à ceux d’en face par une « victoire », si possible « écrasante » de nos « troupes ».
Interrompant de toute urgence de prétendus « débats » – dialogues de sourds entre « lieutenants » analphabètes – nous parviennent, dans le crépitements des flashes, depuis des « qg de campagne » largement fournis en amuse-gueules à nos frais, les visions affligeantes de chefs d’escadrille acrobates du mensonge dans leurs numéros de basse voltige.
Figés de stupeur devant nos écrans, nous sommes des genres de bernadettes soubirous à l’entrée de la grotte miraculeuse. Sauf que le miracle, c’est nous qu’on le renouvelle à chaque « consultation électorale », comme ils disent. Le miracle de la crédulité infinie. Le miracle du blaireau complet à qui on réitère, de scrutin en scrutin, les mêmes promesses non suivies d’effet et qui, pourtant, tel un enfant jamais rassasié de père noël, veut y croire encore et encore. Le miracle du gogo de service qui, savamment culpabilisé dans son hésitation à accomplir un « devoir électoral » inutile supplémentaire, finit malgré tout par se laisser berner une fois de plus par l’habile marchand de cravates à la sauvette. Le miracle de la démocratie démocratique en action.
Non seulement, il y a cette culpabilité de ne pas profiter d’un droit soi-disant acquis au prix du sang par nos aïeux vénérés mais reconnaissons que tout ce cirque paramilitaire, pour ne pas dire guerrier, nous titille l’animalité. Le syndrome du Grand Prix de L’Eurovision. Chic, une bagarre ! Mais alors, si on veut bien admettre que, de temps en temps au moins, la gestion d’une ville est un métier comme un autre, pourquoi ne pas élire aussi les plombiers, les maçons, les marchands de glaces, les dentistes ou les éboueurs ? Ça nous donnerait l’occasion de nous foutre sur la gueule encore plus souvent. Quasiment tous les jours.
-Et, tant qu’on y est, ce serait pas mal d’élire les journaleux télévisuels et leurs « estimateurs » (dixit Marie Drucker) qui se contentent d’annoncer 38% d’abstention en début de soirée pour ensuite ne plus jamais en tenir compte dans leurs pourceautages et, en conséquence, faire discrètement comme si les zélus l’avaient réellement été par une majorité réelle de citoyens.
-…Sans jamais s’intéresser, ce serait trop leur demander, à tous les marins qui, sourds aux chants des sirènes de la schizophrénie démocratique, ont toujours pris soin de naviguer loin des listes électorales. En pourceautage, je peux te dire que ça doit largement permettre de faire la bascule et de conclure, chiffres à l’appui, que dans ce coin de la Juchrémanie post moderne, le kratôs du démôs sur lui-même repose aujourd’hui sur du vent.
-C’est plutôt une bonne nouvelle, non ?
-Je dirais que oui, dans la mesure où ça prouve que la majorité des citoyens semblent ne plus accorder d’importance aux tortillages de cul d’une poignée de mythomanes prétendant parler en leur nom. La majorité des citoyens en a soupé de toutes ces starlettes sans la moindre qualification professionnelle qui, au coup de gong, s’en viennent faire renouveler leur CDD, ou s’en faire établir un, sur la foi de leur bonne mine et de leur appartenance à une bande de potes que heureusement qu’elle est là pour contrer d’autres bandes qu’elles sont malfaisantes comme tout. Ben voyons! La majorité des citoyens en a marre de régler des factures somptuaires à des maçons incapables d’honorer leur devis, alors que les baraques qu’ils leur livrent sont déjà en train de se fissurer. La majorité des citoyens a compris que gérer une ville était un métier. Pas une affaire de copinage artistique.
-Tu veux dire que la majorité des citoyens a pigé que calculer combien il faut de pièces dans un appart pour loger cinq personnes ne dépend pas d’avec quel promoteur véreux on a passé le dernier weekend à Marrakech ?
-Oui c’est bien ce que je veux dire. Je veux dire également que, sous ce je-m’enfoutisme de surface exprimé par le bon peuple, commence à poindre une réelle envie de mettre fin à une croyance fondatrice de la culture juchrémane : la nécessité de suivre un chef. Ce n’est pas parce que les « réseaux sociaux »…
-Ha ha ! Je te vois venir !
-…S’acharnent à entretenir leur cher public dans la certitude pathologique que, pour accéder soi-même à un semblant d’existence, il est indispensable de se réclamer d’un gugus à «liker » ou à « follower », que, au fond…
-Tout au fond alors !
-Je sais, mon optimisme me perdra…Qu’au fond, disais-je, le citoyen responsable de sa pensée et de ses actes n’est plus très loin de pointer le bout de son museau. Titulaires d’un cerveau de tous les pays, unissons nous !
(à suivre: Entretien septième )
Entretiens avec Léon (5)
Jour de scrutin
-Regarde, gars Léon ! C’est déjà le printemps sur la Juchrémanie post moderne. Un groupuscule d’hominidés fait route vers le bureau de vote. Il y a là le père, le fils, le saint esprit et aussi le grand-père et la grand-mère, tous aussi post modernistiquement pileux du museau les uns que les autres. Surtout la grand-mère. Ah ! Mais voici qu’à leur suite, injustement frustrée dans ses aspirations paritaires par le poids à son sein gauche d’un nouveau bourgeon généalogique avide de bon lolo, s’annonce une forme opulente, au mutin minois emmitouflé dans une coquette serpillère. Malgré son positionnement en queue de peloton c’est bel et bien la première dame du groupe ! « Démocratie ! Démocratie ! », peut-on l’entendre ponctuer chacun de ses pas gracieux.
-Démocratie ! Démocratie ! », reprennent à travers leurs télégéniques fourrures faciales le père, le fils, le saint esprit et aussi le grand-père et la grand-mère, surtout la grand-mère, bonne joueuse même si secrètement ulcérée de s’être fait, sur ce coup, devancer par la première dame dans la course aux revendications d’un bonheur sociétal qu’elle prônait déjà alors que l’enserpillée du minois faisait encore caca dans ses couches sédimentaires.
-Démocratie ! Démocratie ! » psalmodient une escadrille d’angelots tricolores qui, profitant du beau temps, s’en viennent voleter à l’aplomb de la familiale procession dont la ferveur citoyenne fait plaisir à entendre.
-Démocratie ! Démocratie ! Prête-moi un euro, je t’en rendrai deux ! Il faut des riches pour aider les pauvres ! », surenchérissent aussi sec une bande de braves chasseurs de dahut qui croisent dans les parages en tirant en l’air pour se donner une contenance et, en tout état de cause et belle soirée à vous, se justifier sur le plan politique. C’est, semble-t-il, un état de cause du même acabit qui pousse le pilote de l’hélicoptère officiel chargé de veiller au bon déroulement des scrutins, à prendre un minimum de hauteur par rapport aux événements, engendrant à son tour chez les angelots un état de cause propre à faire pleuvoir une averse éparse de plumes bleues, blanches et rouges.
-C’est bien beau tout ça mais il y a un truc qui me turlupine…
-Quoi donc, gars Léon ?
-D’aucuns parleraient de coïncidence, et pourtant…
-Cesse de faire ton mystérieux, on dirait Nicozy Sarcolas dans « Le secret de l’éternel retour infernal contre l’écouteur maudit et les économies de la vieille dame», un rôle de décomposition avancée dont il partage les droits avec Rance Foie-aux-Glandes, nominé jusqu’au slip pour son inoubliable double jeu dans « Mensonges, trahisons, supercheries et pactes de sodomilarité comme s’il en pleuvait »…
-Mes idoles ! Bon, d’accord, alors écoute ça : les 25èmes Semaines d’Information sur la Santé Mentale (SISM) ont lieu du 10 au 23 mars 2014 !!!
-Non ???
-Si !!! Bateau-schizo et toutes ces sortes de choses ! D’après les organisateurs, « Les préjugés négatifs liés aux questions de santé mentale restent très présents dans l’imaginaire collectif et se trouvent souvent renforcés par des faits divers à fort impact médiatique. » Tu m’étonnes, Ayrton !
-C’est vrai que si, a minima, le spectacle pitoyable de nos leaders poléolitiques à la ramasse n’engendre pas la moindre envie de leur déléguer une once de kratôs sur nos destinées de jour en jour plus incertaines de toutes façons….
-En tout état de cause, tu veux dire ?
-Oui et belles particules fines à toi …A maxima, leurs pathétiques monologues en vue d’obtenir, une fois encore, la bénédiction du demôs, nous donc, pour continuer à lui traire le porte-monnaie unique jusqu’à plus soif, sont à un tel point en contradiction avec l’incapacité quasi miraculeuse dont ils font preuve une fois qu’ils sont « aux affaires » – comme ils disent pour éviter le « au pouvoir » plus en phase avec les propos de l’Eternel Yavallah mais qui passe moins bien en ces temps libéraux – que, sincèrement, le pauvre demôs il a de quoi devenir encore plus dingue que la culture juchrémane de base s’est ingéniée à le rendre depuis que le premier rabbin s’est frisé de joie les premières guirlandes capillaires en se glissant dans les fouilles le premier taux d’intérêt torbical.
-Deutéronome 15.6 !!!
-Eh oui, toujours lui. Excellents chiffres pour un loto. Mais revenons à notre santé mentale, on ne le répétera jamais assez : la « démocratie » est , comme son étymologie l’indique, un régime de « pouvoir », décalqué sur tous les régimes de pouvoir qui l’ont précédé. Le pouvoir de prétendues « élites » sur de prétendues « masses ». La seule innovation – certes géniale, sinon inoffensive pour notre équilibre psychologique – est cette espèce de dédoublement de la personnalité imposé aux dites masses qui, à date plus ou moins fixe, doivent désigner en leur sein les élites sus-mentionnées…
-…Savoir: les joyeux intermédiaires à travers lesquels, jusqu’à la prochaine date plus ou moins fixe, elles s’auto administreront la purge quotidienne d’un système socio-économique reptilien entériné voici deux millénaires et demi par le cabinet d’experts en assurances sur la vie-après-la-vie « Abraham & Fils & Cousins », qui détient le monopole du marché de la superstition de ce côté-ci de la planète (quand on aura deux secondes, faudra qu’on discute du bonheur d’être né chinois ou indien, c’est pas mal non plus).
Entretiens avec Léon (4)
« Donnons-nous un chef! »
-Splash ! Ploc ! Bluck ! Schnouk ! Bonne idée cette petite balade apéritive !
-On n’allait quand même pas … Cloarg ! Flick !Smurk … rester enfermés par une si belle journée !
-C’est juste qu’il va falloir passer nos bottes d’égoutiers au jet en rentrant à la maison ! Note bien que cette moelleuse épaisseur de boue adhésive dans laquelle, au fond des profondes ornières laissées par les remorques surchargées des seigneurs de la Beauce, s’en viennent stagner les records pluviométriques d’un nouvel hiver moussonnier , donne à notre bucolique escapade des airs de colle en tas carrément télévisuels. Que ce challenge impromptu soit à nos mollets de coqs une occasion de rédemption musculaire et ayons, ami, une pensée reconnaissante pour ces croisés des temps modernes sur leurs soucoupes tractantes à 50 000 euros le John Deere qui, en juchrémans irréprochables, ont, jour après jour, égayé notre bien morne mois de Novembre par leurs allées et venues incessantes…
-…Jusqu’à des minuit passé, charriant au saint profit du Tout-Puissant, que son nom soit bénéficiaire, tonne après tonne, les trésors de betteraves à sucre arrachés à grand renfort de pesticides à une terre enfin épilée du moindre arbuste improductif, trésors que leurs héritiers auront la lourde tâche de faire fructifier…
-…En prenant de menues précautions, toutefois: « Aucun héritage parmi les enfants d`Israël ne passera d`une tribu à une autre tribu, mais les enfants d`Israël s`attacheront chacun à l`héritage de la tribu de ses pères. » ( Bible, Nombres 36:7).
-Sainte Généalogie, priez pour nous! A croire qu’on aurait ben moins euh d’soucis si qu’on s’rait pôv’s!
-Au moins on nous causerait gentiment: « Lorsque des proches non héritiers, des orphelins ou des nécessiteux sont présents au partage de l’héritage, on leur en offrira quelque chose et on leur adressera quelques paroles aimables. » ( Coran, An-Nisaa 4.8)
-Bon, c’est quand même un peu dommage pour le GR dont on ne distingue plus le tracé que fort approximativement…Je crois même remarquer un certain rétrécissement par endroits…
-Certes mais n’est-ce pas là la volonté de l’Eternel Yavallah ? « Ils dirent encore: « Si nous avons trouvé faveur à tes yeux, que ce pays soit donné en propriété à tes serviteurs ; » (Nombres 32,5). Quand tu penses que certains riverains mal intentionnés ont eu le front d’aller se plaindre au maire, soutenus dans leur antisociale attitude par d’oisifs randonneurs soi-disant obligés de marcher en file indienne sur l’étroite bande couverte de ronces et d’orties ayant échappé au remodelage sauce Verdun opéré par nos fiers Beaucerons dans leur quête du Graal subventionné!
-Et qu’a dit Monsieur le maire ?
-Il a dit qu’il allait prendre des mesures immédiates. Dès qu’il aurait, je cite, : « retrouvé l’écharpe tricolore sans laquelle je perds tous mes pouvoirs et comme elle est chez le teinturier suite à une regrettable confusion avec le rouleau de pq attrapé au jugé dans la pénombre des cabinets – en plus y a eu une panne EDF pile au mauvais moment – ajoutons à la malchance que le teinturier vient de recevoir l’avis de décès d’une tante éloignée géographiquement mais si proche de son cœur que la pénible nouvelle a tourneboulé le brave commerçant au point de remettre en question les fondamentaux d’une existence jusque là vouée à une vie de famille exemplaire puisqu’il a eu cinq enfants d’un premier lit – en apparence d’une solidité à toute épreuve, c’est pas les Chinois qui sauraient en fabriquer des aussi résistants – toutefois il est clair qu’on a beau se démener comme un malade pour se montrer à la hauteur de la confiance de ses administrés, quand ça veut pas, ça veut pas et il apparaît d’autant plus impératif de célébrer ici-même le courage et l’abnégation de ces hommes et de ces femmes à qui nous devons de pouvoir choisir, en toute ignorance des embrouilles et autres tractations épuisantes sans lesquelles il serait absurde et vain de procéder à la prochaine mascarade électorale dont la fréquentation, j’en suis sûr, prouvera s’il en était besoin que notre village continue et continuera pour longtemps encore, de figurer au nombre des rassemblements de crétins amnésiques les plus aisément bernables, de pouvoir choisir, disais-je, notre prochain maire, moi par exemple …« Et ils se dirent l’un à l’autre: « Donnons-nous un chef, et retournons en Egypte! » » (Nombres 14,4) »
-Note bien que ça doit pas être facile tous les jours d’être parfaitement bilingue français – langue de bois…
… Ni de faire montre, en toute occasion, d’un clientélisme sans faille…
-…Ni de détourner scrupuleusement les fonds dont on a la républicaine responsabilité…
-…Ni de mentir comme un arracheur de dents…
-…Ni de savoir expliquer sans s’énerver que si on fait tout le contraire de ce qu’on a dit qu’on ferait, c’est que notre prédécesseur a fait tout ce qu’il avait dit qu’il ne ferait pas mais que, en tout état de cause et belle soirée à vous, y a du foot à la télé ce soir …
-…Ni, quand on a dépassé les bornes et que ça craint trop pour nos fesses, savoir s’en tirer sans une égratignure grâce aux exactions justifiées de courageuses bandes de tueurs assez remontés…
-Ce qui nous ramène à l’actualité. D’après toi, l’Ukraine est-elle d’obédience juchrémane ?
-Généalogiquement, tu veux dire ? Pas très …orthodoxe comme question! Tout ce que je crois savoir, c’est que le tyranneau flingueur qu’on a vu aux infos en train de grimper de toute urgence dans son hélico en tenant son slip à deux mains, destination inconnue même de lui, avait été élu, voilà peu, tout ce qu’il y a de démocratiquement…A l’image de son voisin de camping, Vladimir, 1m65 en chaussettes, qui – mieux vaut prévenir que guérir – vient d’ordonner démocratiquement l’organisation en urgence de manœuvres militaires dans les parages démocratiques, ce contre quoi, tout essoufflé après un footing anti-obésité entre sa pièce-à-vivre et ses cabinets présidentiels, le démocrate-en-chef-du monde-entier-de-tout-l’univers (matière sombre incluse) proteste énergiquement …
– Ploc ! Bluck ! Sans déconner, Franck-Yvon, tu crois qu’on va finir par s’en sortir, un jour?
– Splash ! Shnouk ! Cloarg !…Sans déconner, Léon, ça dépend de nous. A-t-on, oui ou non, envie de passer au stade humain ? Autrement dit, a-t-on, oui ou non, envie – à titre individuel – de faire le break d’avec notre condition de dégonflés congénitaux, toujours à nous planquer, qui derrière une volonté divine, qui dans l’ombre propice d’un chef censé l’incarner, qui dans l’anonymat confortable d’une prétendue majorité sortie des urnes comme un lapin myxomatosé du chapeau mité d’un intermiteux du pestacle? Sommes-nous enfin prêts à comprendre, avec Louise Michel, que « nul ne serait un monstre ou une victime sans le pouvoir que les uns donnent aux autres pour la perte de tous ».
-Ce qui me rappelle qu’en anglais « scrutin » se dit « ballot »…
-Et « ballot », ça se dit comment ?
-En beauceron ou en ukrainien ?
…à suivre… Entretien cinquième