Archives par mot-clé : littérature

Journaliste (3) (D’étonnements en sur-étonnement)

Hier je m’étonnais que le décompte « 484 » s’appliquât à des publications « sur support papier uniquement ». J’observe que pas mal d’entre vous, ami(e)s lecteur(e)s préhistoriques post modernes, avez derechef haussé un sourcil, sinon les deux.

Comment ça ? Existerait il des livres écrits sur autre chose que de la chair d’arbre broyée, inondée, transformée en une pâte bientôt malaxée, blanchie, étirée à l’extrême avant d’être enroulée autour d’une énorme bobine puis, à force d’encres, de solvants, de colle pour la reliure, façonnée jusqu’à prendre la forme commercialisable de nos 484 Fantastiques et leurs « premières de couverture » sobrement prétentieuses ou tape-à-l’œil-juste-ce-qu’il-faut, selon l’infranchissable « ligne éditoriale » choisie par l’éditeur ?

La réponse est… OUI !

Mais je comprends votre étonnement en retour, à toutes et tous. Il n’a d’égal que celui des tenants de l’écriture cunéiforme sur tablette d’argile quand, en des temps immémoriaux, on les entretint de l’existence de planchettes de bois enduites de cire que l’auteur gravait avec un stylet en métal (l’autre extrémité du stylet était évasée et une fois chauffée, servait à lisser la cire afin de rendre la planche réutilisable—on venait d’inventer la gomme !) …Ou celui des Joël Dicker sur planche de cire quand on leur vanta les pouvoirs du « papyrus », un monopole égyptien introduit en Méditerranée par les Arabes (pré islamiques, je rassure V. Bolloré) et peu à peu vendu en Occident. Facilement transportable grâce à sa légèreté, il fut direct utilisé par le pape Hadrien Ier dans sa correspondance avec le Grand Charles, aka « Charlemagne » vers  l’an 788, avant de donner naissance au parchemin et à sa déclinaison bien pratique—le « codex » (plusieurs cahiers de parchemin cousus ensemble), annonciateur de vos livres actuels, ami(e)s lecteur(e)s préhistoriques post modernes !

Comme quoi, la littérature n’a pas fini de nous étonner. Ou du moins les supports qui, à travers les âges, la rendent accessible à nos insomnies récurrentes.

D’où le sur-étonnement qui m’étreint. Car on ne peut que se sur-étonner, en ce troisième millénaire naissant, de la légèreté, doublée d’une certaine condescendance, avec laquelle nos respectables journalistes littéraires, toutes tendances confondues, ont, semble-t-il, décidé de passer sous silence une invention qui « pourrait potentiellement » (un classique journalistique) nous réconcilier avec la science préhistorique post moderne…

(à suivre demain si le monde existe encore)

Journaliste (2) / Option Littérature

France Culture, France Info, France Inter, Livres Hebdo, La Croix, Nord Littoral, Télérama, Le Figaro, Les Echos, Le Monde, entre autres fleurons du journalisme plutôt « bon grain », s’accordent sur le chiffre « 484 ». « 484 livres dont la parution va s’égrener jusqu’au mois d’octobre », poétise Télérama. J’ai eu beau scruter les SERPS traitant de la « rentrée littéraire 2025 » de chacun, pas une seule fois ai-je entraperçu le moindre semblant d’une allusion même lointaine à autre chose que la venue au monde au forceps de ces 484 nouveaux protos des écuries Hachette/ Lagardère/ Editis/ Vivendi ou leurs avatars. Plus gênant venant de sources d’information sérieuses, à aucun moment me suis-je vu préciser que :

1) ce chiffre correspondait aux publications sur support papier uniquement.

2) que de cette déferlante de cellulose, avaient été exclus les livres dits « auto édités ».

Normal, allons ! Un journaliste « bon grain » est quelqu’un de sérieux ! Chacun sait qu’un livre édité par son auteur n’est pas un livre ! Depuis quand un(e) individu(e) lambda ayant choisi (ou plus souvent— « lignes éditoriales » obligent ☹— ayant été contraint(e) de) publier à ses frais le fruit de son imagination lambda exprimée en mots lambda agencés dans des phrases lambda, serait en mesure de prétendre à un quelconque intérêt littéraire? Et puis rendez-vous compte ! 484 x 300 pages (en moyenne, mais y a aussi les bavards de service) = *attendez je sors ma calculette*…  145 200 pages ! D’accord un journaliste « bon grain » maîtrise parfaitement la « lecture transversale » mais tout de même ! Il y a des limites au dévouement à la cause informationnelle ! Surtout qu’entre nous la littérature, ça va bien deux secondes… Ah avec les « séries », c’est différent ! D’une part, les auto éditeurs courent pas les plateformes mais surtout, les « séries » — j’allais écrire « feuilletons », la honte ! — contrairement aux bouquins, ça le fait vraiment vibrer, notre cher public préhistorique post moderne ! Un public incomparablement plus fourni, de surcroît, que celui des livres — BD et « romans graphiques » ( !) inclus ! Franchement, quoi de plus gratifiant (et je ne parle pas d’argent) ( enfin pas que d’argent) pour un journaliste culturel que d’œuvrer dans un créneau populaire ? ‘ttention, j’ai pas dit « populiste », hein ? Bon mais revenons à nos moutons imprimés…

(demain, parce que là, tel un journaliste littéraire une semaine de rentrée, j’ai mon poignet qui me lance…)

 

nouvelles du désert

On dirait que c’est mon karma de prêcher dans le désert. Je l’ai fait avec mes chansons, puis avec ce site et maintenant avec mes bouquins. Si je suis aux abonnés absents ces temps-ci c’est que justement je bosse sur le prochain. Le très très prochain. Ce sera un genre d’essai. Le « genre de » c’est ma marque de fabrique. Comme vous le savez peut-être, j’ai compris à mes dépends ce qu’était un libraire « indépendant » (rires) donc je m’en tiendrai au format ePub/Kindle. Et comme j’ai envie de changer de désert, il sortira d’abord en version anglaise.

Bon mais si j’ai pris deux secondes sur ma pause petit-déjeuner c’est surtout pour vous dire que « MARS 2221, roman » est en ligne. Au moins sur Kobo (ePub)

et Amazon (quoi que je puisse penser de son négrier lèche-cul d’inventeur)

Je vous en glisse « l’avertissement au lecteur », comme on dit chez les vrais éditeurs de vrais « ouvrages » :

« MARS 2221 » devient « MARS 2221, roman ». Une façon de m’opposer à toute velléité de science-fictionnisation de mon livre. Puisque les marchands tiennent absolument à envoyer les bouquins derrière les barreaux catégoriels, je verrais plutôt « MARS » détenu dans un pénitencier de « littérature générale ». À l’isolement, tant qu’à faire.

J’ai pris grand plaisir à replonger dans mon livre-monde, un an après sa sortie ultra confidentielle, autoédition oblige. J’en ai profité pour lui faire un bon brin de toilette. Remarque (de détail) : depuis la partie de babyfoot du chap 41 qu’on pourrait qualifier de prémonitoire, pas mal d’eau a coulé sous les ponts et autant d’encre dans les gazettes ! J’ai choisi nonobstant de garder inchangé tout ce qui touche au personnage de l’« amiral ».

Franck Richard

Terra, le 12/02/2025

 

Et pis tiens le résumé, toiletté pareil :

« …Le croiriez-vous, lapin ici présent est son propre clone ! Pas son frère jumeau décalé dans le temps comme moi je suis la copie conforme d’une créature originale arrachée trop tôt à l’affection des siens… Nan, lapin, ils ont poussé le bouchon jusqu’à lui réinjecter les données contenues dans son cerveau d’origine ! Lapin, il a 269 ans dans sa tête ! »

Les pérégrinations ébouriffantes de deux marginaux du temps et de l’espace, une occasion pour Franck Richard de revisiter son passé et, avec l’humour acide qui le caractérise, refaire le portrait d’une espèce à laquelle il n’est pas spécialement fier d’appartenir.…

 

Merci de votre attention, je retourne au désert.

Leibniz revisited

« Bordel, Je suis un fœtus !

Ça doit pas être longtemps avant ma naissance, les paupières d’un fœtus s’ouvrent vers le septième mois de gestation et j’aperçois de la lumière. À tous les coups Maman se prélasse sous le soleil de Tananarive. En ces temps immémoriaux les Malagasy ont pas encore rejeté leurs envahisseurs à la mer, déclaré indépendante la Repoblikan’i Madagasikara et redonné à leur capitale le nom autochtone d’ « Antananarivo ».

Por qué mes darons se sont mis dans le crâne d’aller me concevoir à onze mille bornes du biotope ancestral, faudra que je pense à leur demander. Quand je maîtriserai les finesses du langage articulé. En attendant, filtrés par l’hypoderme, le derme, l’épiderme et les membranes ovulaires amnios et chorion, les rayons de l’astre du jour mettent leur exubérance tropicale en veilleuse. Ça donne une ambiance tangerine, irréelle, cosy…  Cosy à part que le tapis de sol on dirait la planche à clous du fakir Pinder ORTF.

Le tapis de sol ??? L’ORTF ??? Fœtus mon cul !!! Je me disais aussi cette odeur de fennec… Une poche de liquide amniotique ça peut pas sentir le fennec, voyons ! À part celle d’une maman fennec. Un sac de couchage par contre… Un duvet qui, en trois mois de camping, n’a connu de lessivage que les incursions sporadiques de précipitations torrentielles… Je bâille, vaguement soulagé. »

 

J’en aurai bientôt terminé avec la relecture/correction ultime et définitive de « MARS 2221, roman » et je suis toujours aussi fier et comblé d’être l’auteur de cette merveille de bouquin. Que les libraires indépendants (rires) aillent se faire mettre, il n’y a aucune honte à ça. Pardon, à « cela ». Que les Clubistes de Médiapart  ne se gênent pas non plus, c’est là chose politiquement correcte (les Clubistes ne jurent que par la politique), suivis de près par quelques personnes à qui j’avais adressé/offert « MARS » et qui n’ont jamais jugé utile de m’en faire le moindre retour. Sans rancune. Tant que les deux greffiers qui partagent mon quotidien continueront à s’étirer et à ronronner, à me tanner pour avoir à croûter avant de foncer remplir leur litière sans recouvrir leurs cadeaux parfumés, en ce qui me concerne tout ira pour le moins pire dans un monde où, permettez-moi d’insister, à de rares exceptions près les fous furieux qui sont en train de conduire les bipèdes à poil ras droit dans le mur peuvent se targuer d’avoir été « élus » par eux.

First crush

Je sais, je sais ! Vous êtes pas des romantiques, vous autres. Vous c’est les milfs à forte poitrine et miches botoxées de Nextflip qui vous motivent. Bon mais vous verrez un jour ! Quand, comme mézigue, vous aurez passé le cap des 250 printemps ! Vous verrez que ce qui remonte à la surface après le « naufrage de la vieillesse » ( comme disait papy De Gaulle en parlant de Pétain sans avoir conscience qu’il nageait en plein selfie) c’est la planche bouffée aux vers marins du premier crush.

Ça se passe à la fin du chapter 53 de « MARS 2221, roman » (« Putain de norme »), quand Anthéa explique à lapin qu’elle va le laisser (momentanément qu’elle dit) tomber comme une vieille chaussette. Alors lapin voilà qu’il en frôle encore la remontée hippocampique…

« Ce n’est qu’un au revoir mes frères ♫ »… J’arrivais pas à me rappeler son prénom… Legrand aurait trouvé ça normal puisque ça remontait à avant ma treizième année… Bien avant. Je devais taper les sept ans grand maximum. Mon premier amour d’été. Mon premier chagrin d’automne… « Ce n’est qu’un au revoir mes frères ♫… » chantaient les amis que nous nous étions faits, mes parents et moi, pendant les trois semaines passées à la chouette « maison familiale de vacances » que, pour une somme modique, les usines Renault mettaient à la disposition de leurs employés… À Boulouris, pas loin de St Raphaël… La Côte d’Azur, excusez du peu ! « …Oui nous nous reverrons, mes frères ♫… »… Mon vieux avait tourné la clé de contact. La Citroën 11 Légère, cadeau de sa tante Marie (la femme de l’oncle Eugène champion de boxe, habilleuse de Michel Simon et Bernard Blier) s’était ébranlée… Mon cœur s’était serré… Fini les balades sous les pins, à l’écart des bungalows, son rire étincelant dans le soleil ( elle portait un appareil, le nec plus ultra de la séduction )… On s’était promis de se revoir. Restait à convaincre nos darons respectifs de se farcir les 200 bornes aller-retour qui se dressaient entre Marolles-en-Hurepoix et son bled à elle, aussi paumé mais situé de l’autre côté de Paris. Ils se raconteraient leur vie autour d’un rosbif purée de circonstance et nous on aurait mieux à faire. J’avais pas encore intégré les quatre degrés d’incertitude de McKinsey. J’en étais toujours au concept d’« éternel retour » (« palingénésie » chez les Grecs)… « Oui nous nous reverrons mes frères ♫ », que je m’étais fredonné jour après jour, une fois rentré à Marolles… En pédalant comme un forcené autour du pâté de maisons. Jour après jour. Des après-midi entiers… Dans mon délire elle allait forcément, d’un instant à l’autre, faire son apparition à l’arrière de la Dauphine vert bouteille de ses vieux. Je ferais celui qui s’en serait pas aperçu. Je continuerais à chevaucher mon vélo l’air de rien comme Ivanhoé son canasson (« Ivanho-é, Ivanho-é ♫ » – Roger Moore avait pas fait que l’espion au service de sa Majesté dans sa vie de bg !). Bouquet final, je me lâcherais des deux mains en sifflotant mon mépris du danger (je venais d’apprendre à siffler). Subjuguée elle bondirait hors de la caisse familiale pour se jeter dans mes bras…

– Fais-moi confiance, lapin ! Ça va marcher…