Archives par mot-clé : Hippocampe Twist

« MARS 2221, roman » (chap 28 : « Ladies and gentlemen ! », suite et fin)

Sur Terra 2024, pom pom girls et cow-boys ont confié leur avenir crainteux à un certain Donald Schtroumpf.

Meanwhile, sur « MARS 2221, roman » Anthéa, gender fluid clone / part time high level computer scientist est en plein boulot sur la tête de Darius…

– Nous y sommes ! À moi ma canne à pêche magique !

La suréquipée pioche dans son matos une sorte de grosse vis qui une fois activée se met à ronronner comme un chat devant son bol de croquettes. Elle en applique la tête contre le minuscule bloc de titane maintenant accessible. Y a plus qu’à mouliner en douceur. Un instant plus tard, Anthéa exhibe son butin à un public fictif.

– Ladies and gentlemen, le disque dur du sieur Darius ! Dans les temps anciens, hacker l’unité centrale d’un andro nécessitait l’appui logistique de périphériques dédiés, plus tout un outillage encombrant et hors de prix. Mais ces temps sont révolus ! Sous vos yeux ébahis, se jouant du chiffrage de protection et profitant lâchement d’une vulnérabilité dans le firmware du composant informatique, la Grande Anthéa va s’ouvrir l’accès aux données qu’il contient. Le tout en moins de trois minutes ! Pour ce faire je vais demander à mon assistant ici présent de bien vouloir me tenir l’objet deux secondes.

Re farfouillage dans son bordel. Ayant sélectionné la clé USB idoine, la « Grande Anthéa » me reprend délicatement le boîtier des mains.

– Merci lapin, tu es formidable.

Elle a le droit de se foutre de ma gueule. Abstraction faite du bagage plus que correct en stéganographie qui, on s’en souvient si on a lu « Hippocampe Twist », m’avait permis de me prémunir contre les manigances de Legrand, plus nul que moi en ingénierie informatique, tu peux faire tous les zoos de la ville pour trouver.

La hackeuse applique la clé contre le cube de métal. Le dispositif adhère à sa proie comme une sangsue.

– Cherche, ma fille ! Cherche !

Au terme d’un suspense insoutenable, un bip victorieux.

– Et une session utilisateur débloquée, une !!! Sauf qu’on n’y voit goutte, là-dedans ! Heureusement, j’ai pensé à prendre ma torche, hi hi !

Ce disant, Anthéa connecte son iPhone 325 à la clé de déverrouillage. Aussitôt sur l’écran s’affiche un menu indigeste de lettres et de chiffres assaisonnés de points, de virgules, de points virgules, de « tirets du 6 », du 8 et autres barres de fraction simples ou doubles. Du tac au tac, sollicitant l’appui logistique d’une flopée de logiciels embarqués, l’experte en « html » tape sur le clavier de son mobile une série au moins aussi interminable de ces mêmes hiéroglyphes. L’échange de points de vue entre l’iPhone 325 et le moi profond du sieur Darius commence à dépasser largement les trois minutes promises. Le visage d’Anthéa exprime une concentration totale. Les doigts agiles virevoltent sur les touches silencieuses, reformulant sans relâche les assignations cul-de-sac, ré incrémentant les variables improductives jusqu’à ce que… Wallalluhiachem Shaktiwang !…

– YYYEEEEEEEESSSSSS !!!!!

 

demain chapter 29 : «  POV » …

« MARS 2221, roman » (chap 25 : « Ganesh, le retour » )

Lecteur(e)s des années 2220 je vous kiffe. Ca change tout d’écrire pour vous. Les autres, il est temps de vous trouver une série pour le weekend.

 

  1. Ganesh, le retour

Les privilégiés qui auront réussi à télécharger Hippocampe Twist se souviennent certainement d’une partie de poker d’anthologie chez Wilma. Un jackpot d’enfer entre St-Mégland, Brice et mézigue.

Aux autres je dois quelques éclaircissements. En ma prime adolescence, alors que dans la solitude de ma chambre je m’initiais aux subtilités proto électroniques d’un orgue de supermarché, il advint que sur la teutê me tomba une étagère pleine de bordel. Le tout finissant sa course sur le clavier de l’instrument. Produisant en cela un accord plaqué déchirant qui était parvenu aux oreilles de ma mère. Qui lorsque je l’avais rejointe en bas dans la cuisine avait pas manqué de s’enquérir de l’origine d’un tel « barrissement ». C’était le terme dont elle avait usé. Curieusement, une centaine d’années ayant passé (et au terme d’un suivi thérapeutique discutable sur lequel on reviendra pas), le professeur Marcel s’était cru justifié à voir en ma personne un des innombrables avatars de Ganesh, la divinité hindoue à tête d’éléphant. D’où, affirmait l’éminent neuropsychiatre, mes singulières poussées proboscidiennes (j’en avais profité pour enrichir mon vocabulaire) ainsi que l’acouphène non moins singulier que j’avais à endurer chaque fois qu’était fait mention en ma présence d’un événement lié à un enrichissement quelconque, avéré ou potentiel. Normal, expliquait Marcel, puisque Ganesh possède – entre autres pouvoirs – ceux de dispensateur attitré de l’abondance matérielle et de grand protecteur des comptes en banques à neuf zéros.

– …Lointain, étouffé mais parfaitement reconnaissable, je l’ai entendu ce putain de « barissement », Anthéa ! Là, dans le cristal ! Le même qu’au bahut, lorsque confronté à Michel Édouard à qui j’essayais sans y croire de soutirer une ristourne sur un paquet de gâteaux secs. Ou à Jipé-l’escroc-au-tiercé en train de me taxer une Rothman’s rouge sous l’abri à poubelles de la cantine…

– Tu me rassures…

– Comment ça je te rassure ?

– Ton espèce de gros bouton de fièvre, là…

Anthéa se tapote le bout du nez. Elle se fend la poire.

– …Je t’imaginais déjà avoir chopé un staphylocoque doré ou je ne sais quelle maladie nosocomiale éruptive en vogue au CHU de La Ferrière. Ah tiens, pendant que j’y pense, à l’accueil ils m’ont dit que Kembaçkuk avait signé ton bon de sortie.

– Sans déc’ ? Je croyais qu’il voulait d’abord me faire passer une dernière batterie de tests…

Anthéa secoue ses boucles peroxydées.

– Sa contre-performance avec le fémur d’Endymion doit être en cause. Il préfère se faire oublier pendant une semaine ou deux, quitte à lever le pied sur ses turlutaines d’implants aphrodisiaques.

Je regarde là-haut, au-delà du plafond.

– Merci Endymion ! Éclate-toi bien au paradis des baroudeurs !

 

…demain chapitre 26 : « Mine de rien »…

« Mars 2221, roman » (chap 13 : Winnie, suite et fin)

résumé : Anthéa et le narrateur mettent à exécution leur plan pour se sortir des griffes du chirurgien Poutine.

Le médecin était ok. Ni une ni deux, le chauffeur du sub et son collègue t’avaient choppé la peluche géante – l’un sous les aisselles, l’autre gérait les pattes arrière – et l’avaient hissée dans l’ambulance en faisant gaffe à pas bousculer le matériel de réa. Masque à oxygène, perfusion, l’urgentiste était déjà au boulot. Par contre les G-men savaient plus quoi faire de leurs carcasses. Alors qu’un des brancardiers s’éclipsait deux secondes satisfaire une envie pressante, l’urgentiste leur avait proposé de suivre le mouvement, direction le CSU le plus proche, une poignée de kilomètres en aval. Le chauffeur du sub s’était étonné qu’on retourne pas plutôt à la Résidence. Le médecin avait rétorqué que, non seulement le centre de soins d’urgence était plus près mais, considéré les contrôles interminables à l’entrée du dôme, la patiente serait plus rapidement prise en charge au centre.

– Don’t worry, ils vont les chouchouter, elle et son nounours ! » avait renchéri le brancardier chauffeur, soudain polyglotte, en refermant le hayon sur l’urgentiste et sa patiente avant de courir s’installer au volant de son véhicule.

En dix-neuf ans de Résidence (c’était l’âge qu’elle disait avoir même si je continuais à lui donner moins) Anthéa avait réussi à se brancher avec tout ce que la région comptait de personnages louches. Dealers bien sûr mais aussi pickpockets, voleurs de subs, faussaires, trafiquants de devises, d’armes etc… Aucune racaille en exercice manquait à son carnet d’adresses. On aura compris qu’elle avait négocié 30 000 kreds (avec un certain Ali Brunswick) la présence d’une pseudo ambulance et ses pseudo ambulanciers au péage de l’Interdôme, au jour et à l’heure prévue de son départ pour le Sud Dakota.

Sur ces entrefaites, le second brancardier s’était repointé, ayant mis à profit sa soi-disant envie de pisser pour passer derrière le sub de nos cow-boys et en saboter les relais TBTS à l’aide du micro laser multitâches qui ne quittait jamais sa poche (il s’en servait aussi pour se couper les ongles de pieds sans avoir à se baisser). Il se marrait encore de sa bonne blague quand, cinq minutes après qu’on ait taillé la route, abandonnant son siège à côté du conducteur il avait fait jouer la cloison amovible et était venu nous rejoindre, Anthéa, le faux toubib et moi à l’arrière de l’ambulance. C’était lui, le Ali Brunswick des 30 000 k.

– Les innocents ! Bonne chance pour démarrer leur bécane ! Your attention please, dans deux kilomètres, changement de monture !

À la hauteur du CSU, le conducteur avait fait mine de décélérer puis brusquement relancé le moteur pour s’enfiler dans une galerie annexe, hors de portée des radars. Je venais à peine d’émerger de l’emballage dans lequel j’avais cru plus d’une fois mourir asphyxié quand on avait ralenti de nouveau pour venir se coller au cul d’un gros sub anti G. Sautant à bas de l’ambulance, Ali Brunswick avait pris les commandes de l’engin.

– Attachez vos ceintures ! Cap sur Helsinki, ses grillimakkaras vegan et son astroport ! Le commandant Korbehn n’attend plus que vos charmantes personnes pour décoller !

 

– Hé, les paravents c’est pas que pour la déco ! Le moral est revenu on dirait ?

Mon côté amateur d’art ! Je repensais à ce cher Ali… Et à Korbehn ! Il avait pas tort, Lafleur, de le traiter de charognard. 50 000 k le passage, il se fait pas chier !

– C’était le  moins cher sur le marché. Moi c’est la note de l’astrotel qui me reste en travers de la gorge. 300 balles la nuit ! Ok ils sont pas regardants sur les puces d’identité, les Finlandais, mais admets qu’on ait dû attendre la fenêtre de tir une semaine de plus, on se retrouvait en slip en arrivant sur Mars. Et maintenant si monsieur le voyeur veut bien descendre de son mirador, c’est l’heure du marchand de sable.

Anthéa a raison. Le dortoir commence à se remplir, inutile d’attirer l’attention. Je plonge dans mon sac à viande.

– Bonne nuit « Fesses de Rêve » ! Au fait tu sais comment ça se repique une salade ?

– C’est toi l’expert en salades ! Si tu nous pondais un autre best-seller ? Ça arrangerait bien nos finances tu crois pas ?

– J’ai rien contre. C’est juste que l’inspiration ça se commande pas sur Amazon !

– Quelle amazone ?

– Laisse tomber, t’es trop jeune pour comprendre.

– Lapin ?

– Ouais ?

– Faut que tu saches un truc…  Quand j’étais petite, j’allais pas mal traîner à la médiathèque de la Résidence. En farfouillant dans les fichiers PDF j’étais tombée sur un roman qui m’avait bien plu. « Hippocampe Twist », ça s’appelait.

Je fais un bond de cinquante centimètres sur le matelas.

– PARDON ??? MON Hippocampe Twist ???  Marie-Claude, le tas de sable, les Relax, Léon Zitrone, Ray Davies…

– Ouais… Et aussi Les Seigneurs du Fond, « Chez Georges », Le Zébi Allégorie de l’Ennui, James… le pauvre gars, ça m’avait fait pleurer son histoire de brochet de la mort qui tue…

– Je le crois pas ! JE –  LE – CROIS – PAS !!! Et tu m’as laissé te raconter ma vie comme un…

– Comme un audio book ? Ouais y a de ça… T’as une si jolie voix, lapin.

– J’aurais dû m’en douter… T’avais pas l’air plus étonné que ça quand je t’ai parlé de mes royalties…

– Chuuut ! T’empêche tout le monde de dormir.

 

à suivre demain

Sainte Originalité priez pour nous, pauvres auteurs !

En ce temps de Pentecôte, recueillons-nous un instant sur les victimes semi-consentantes des fantasmes sanguinolents de Stephen King ou de ses (pâles) copies françaises, Thilliez, Minier, Chattam et autres artisans de la misère éditoriale ambiante. Je parle ici de l’écume de la nullité goristico-srilienne. Plus en profondeur, en toute softitude éculée, les Musso, Lévy, Dicker etc… tortillent des nageoires il faut voir comme pour atteindre à l’oubli total de ce qu’un roman se doit d’apporter à son lecteur.

Au point que – les ventes de livres en constante perte de vitesse sont là pour en témoigner – le lecteur doute à son tour qu’un roman puisse lui apporter quoi que ce soit.

Me revient en mémoire un aphorisme bien cool du regretté Guy de Maupassant : « Le talent provient de l’originalité, qui est une manière spéciale de penser, de voir, de comprendre et de juger. »

L’originalité !  Voilà ce que l’auteur peut offrir de plus précieux au lecteur. Les initiateurs d’une catégorie qui semble actuellement recueillir les suffrages de nos chères têtes blondes ne s’y sont pas trompés. La « Fantasy » ! « Fantaisie » en patois hexagonal. Synonyme d’ « originalité » d’après le dico. Dommage que ces textounets vaguement inventifs soient pour la plupart pondus d’une plume malhabile ou pire, relativement lisible car alors il s’agit à coup sûr de quelque plagiat concocté par une IA sans âme, guidée uniquement par un souci de rentabilité.

Bon moi, Franck Richard aka Franck-Yvon Richard aka Heffi Grecker, question originalité garantie sur facture, « manière spéciale de penser, de voir, de comprendre et de juger », j’ai fait ce que j’ai pu dans le temps avec mes chansons, puis mes articles ici-même et, peu de temps avant de mourir, avec mes bouquins.

« Hippocampe Twist », il y a 2 ans déjà, et aujourd’hui « Mars 2221, roman », c’est pas du srileur de mes 1,5 (private joke) ni de la fantasy qui pue des pieds. C’est juste de la littérature originale. Talentueuse ou pas, à vous de voir. Votre avis m’est précieux.  Mon mail : franckrichard907@gmail.com.

PS – X files (épisode 3) : J’ai finalement réussi à arracher Heffi à l’étreinte adipeuse d’Elon-the-Hutt, me demandez pas comment !